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Handicap

L'art à portée de mains

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Une multinationale au service de l'accessibilité

Depuis huit ans, à Pantin, Tactile Studio transforme les œuvres des plus prestigieux musées nationaux et internationaux en objets tactiles, destinés aux malvoyants.
Reportage de Anne-Laure Lemancel, publié dans Canal n°276, mars 2019.

Installés dans un bâtiment industriel, les vastes bureaux biscornus de Tactile Studio abritent, au beau milieu de gigantesques imprimantes 3D, d’ateliers de découpe au laser et de pots de peinture, des fausses sculptures d’allure classique, des reproductions de Van Gogh, de Mondrian, une maquette en volume du Panthéon, et même un dispositif olfactif destiné au musée de la Parfumerie de Grasse.
Le lieu, où officie une bonne dizaine de graphistes et de designers, se situe à mi-chemin entre la brocante, la start-up et les coulisses d’un musée. À une différence près  : ici, on peut toucher ces répliques d’œuvres d’art. Et c’est même hautement préconisé  ! Car, comme son nom l’indique, Tactile Studio fabrique, pour les musées, des objets tactiles principalement à l’attention des personnes malvoyantes.

Rue Méhul, l’équipe de graphistes, dirigée par Marc-Amaury Legrand, planche ainsi sur la réinterprétation des œuvres d’art, ces dernières étant souvent complétées de cartels en braille ou d’audiodescriptions.
" J’adapte n’importe quelle œuvre d’art en tactile, explique-t-il. Je joue sur les reliefs, la sensibilité du toucher ; je schématise, je stylise, je réinvente, je codifie les couleurs… "
Pour attester du résultat, un seul moyen  : fermer les yeux et passer les doigts sur les lignes et aplats du Mondrian, lisses ou granuleux, selon l’intensité des couleurs.

Repenser l’accès au musée
Le savoir-faire de Tactile Studio vaut désormais à l’entreprise de figurer parmi les acteurs incontournables de son domaine. Le Louvre (Paris, Lens, Abu Dhabi), le musée de l’Homme, Confluences, le Panthéon, Versailles… les plus importants musées nationaux sollicitent son expertise.
L’incontournable et impertinent artiste chinois, Ai Weiwei, a même fait appel à Tactile Studio pour son exposition au Mucem de Marseille. Si la firme a établi son siège à Pantin, elle possède aussi une succursale à Berlin et même une annexe à Montréal.

Tout a pourtant commencé bien modestement, comme le raconte Philippe Moreau, son directeur : " J’ai monté cette entreprise il y a huit ans, au fil des rencontres. L’une de mes deux premières associées était illustratrice spécialisée pour les malvoyants. On a décidé de se lancer dans ce secteur balbutiant qui, à l’époque, reposait sur les bonnes volontés, les associations et le bénévolat, avec des créations plus ou moins réussies. "

L’expérience et le temps confirment ses intuitions  : "  Les recherches en psychologie cognitive sont unanimes : la mémorisation d’une œuvre d’art s’accroît avec la sollicitation de différentes capacités sensorielles.  " Les créations de Tactile Studio offrent également l’occasion de repenser l’accès au musée pour les personnes éloignées de la culture.

Site internet de Tactiles Studio