Centrale du Blanc-Mesnil © DR 

Développement durable

La géothermie : l’énergie de demain arrive à Pantin

En pleine crise de l’énergie fossile, les villes de Pantin, des Lilas et du Pré-Saint-Gervais investissent conjointement dans la création d’un réseau intercommunal de chaleur géothermique. À partir de 2024, 20 000 logements, bâtiments publics et entreprises profiteront de cette ressource propre provenant du sous-sol.
Article de Christophe Dutheil, publié dans Canal n°305, avril 2022.

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Création d'Unigéo

L’autonomie énergétique, un sujet brûlant de l’actualité internationale, est aussi un enjeu majeur au niveau local, compte tenu de la flambée des prix de l’électricité et du gaz. La géothermie apparaît ainsi comme l’une des solutions permettant de réduire la dépendance aux énergies fossiles. Bonne nouvelle : elle sera prochainement utilisée à Pantin, aux Lilas et au Pré-Saint-Gervais grâce à la création par ces trois communes, en partenariat avec le Sipperec (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour les énergies et les réseaux de communication), d’un réseau de chaleur géothermique intercommunal. Dans cette optique, une société publique locale (SPL), dénommée Unigéo, a officiellement été créée mercredi 16 février. Ayant pour actionnaires les trois villes et le Sipperec, elle financera, construira et exploitera ce réseau complètement indépendant des fournisseurs d’énergie habituels.

 

28 000 tonnes de CO2 économisées

La géothermie est «  une technique, déjà bien éprouvée, qui permet de récupérer la chaleur naturellement présente dans le sous-sol afin de produire du chauffage et de l’eau chaude sanitaire, précise Serge Ferretti, adjoint au maire délégué aux Bâtiments, aux Équipements municipaux et à la Sobriété énergétique. Il s’agit donc de développer cette énergie renouvelable, provenant d’une ressource fiable, afin de réduire la consommation d’énergies fossiles dont on sait très bien qu’elles se raréfient. Nous travaillons parallèlement sur d’autres projets, comme l’implantation de pompes à chaleur.  » Samuel Besnard, président d’Unigéo et vice-président du Sipperec, précise : «  Ce projet de transition énergétique, soutenu par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et la région Île-de-France, va aider ces collectivités à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’environ 28 000 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des rejets de 19 000 voitures.  »

Plus de 20 % d’économie sur la facture

«  Il a aussi des vertus économiques pour les habitants de nos communes, confrontés à la hausse des prix de l’énergie, souligne Bertrand Kern, maire de Pantin. Lorsque nous avons commencé à travailler sur le sujet, nous avons calculé que cette installation nous permettrait d’obtenir un prix du mégawatt-heure (MWh) de gaz qui tournerait autour de 65 euros TTC* et serait maîtrisé dans la durée. Aujourd’hui, les foyers paient 87 euros TTC* par MWh de gaz et voient les tarifs régulièrement augmenter…  »
À Pantin, les premiers logements et équipements publics raccordés seront situés au sud du canal de l’Ourcq. Il s’agira, par exemple, d’immeubles gérés par Pantin Habitat, du Refuge (un accueil de jour et de nuit pour les personnes sans domicile fixe), de l’Ehpad La Seigneurie ou de la résidence Clothilde Lamborot (un établissement d’accueil pour les adultes en situation de handicap).

* Prix calculés avant la guerre en Ukraine.

Comment ça marche ? 

Unigéo va construire, avec l’aide d’un opérateur prestataire, une centrale de géothermie sur un terrain de 6 000 m2 situé aux Lilas. C’est à cet endroit que seront forés quatre puits – deux de production et deux de réinjection – d’une profondeur de 1 800 mètres.
Les deux premiers permettront d’extraire de l’eau chaude (60 °C environ) du Dogger (une couche géologique). La température de cette dernière sera rehaussée de 20 degrés au moyen d’une pompe à chaleur. Elle sera ensuite envoyée dans le réseau via 20 kilomètres de canalisations qui alimenteront 20 000 logements, bâtiments publics et entreprises. La chaleur résiduelle sera quant à elle réinjectée dans la nappe d’où elle provient par l’intermédiaire des deux autres puits.
Unigéo estime ainsi que 66 % des besoins en chauffage et eau chaude des bâtiments concernés seront, à terme, couverts par la géothermie. Le reste proviendra de chaufferies d’appoint alimentées au gaz ou du nouvel équipement biomasse de la piscine Leclerc.

CALENDRIER
> Février 2022 : création d’Unigéo
> Fin 2022-2023 : forage des quatre puits de géothermie
> 2023-2024 : déploiement progressif du réseau, d’abord aux Lilas et au Pré-Saint-Gervais, puis à Pantin
> 2024-2026 : mise en service de la géothermie