Le 24 septembre, 500 personnes ont manifesté pour réclamer l’évacuation du camp du square Forceval et la prise en charge sanitaire et sociale des toxicomanes © ville de Pantin 

Crise sociale et sanitaire

Le crack : un an de mépris, un an de lutte

La situation continue de s’enliser et de se tendre au square Forceval où ont été regroupés de force, le 24 septembre 2021, des toxicomanes en grande précarité. Un an après que le ministre de l’Intérieur a décidé, sans en avertir les élus locaux, de les déplacer du jardin d’Éole à la porte de La Villette, la ville invite tous les habitants et les commerçants à saisir la Défenseure des droits afin d

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Une situation intenable

Un an après l’installation du camp de crack au square Forceval, c’est l’heure des comptes. Et l’addition est salée ! «  Quelles solutions ?  », ont questionné 500 riverains, élus et collectifs d’habitants, à l’occasion du rassemblement du 24 septembre dernier, destiné à commémorer ce triste anniversaire. Dans le cortège, tous ont rappelé que Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur avait, le 28 septembre 2021, affirmé que ce déplacement contraint de toxicomanes, mené sans concertation avec les élus locaux, ne pouvait «  être que temporaire  » et ne «  durerait que quelques heures, quelques jours  ».
Las. Au fil des mois, le camp s’est densifié et élargi au point de devenir la plus grande scène de consommation de crack à ciel ouvert d’Europe. Jusqu’à 600 usagers s’y rendent en effet certains jours, alors qu’ils étaient une centaine il y a un an. Une situation intenable pour les riverains qui, démunis, assistent à des scènes de violence et de prostitution. Quant à la perte de chiffre d’affaires pour les commerçants, elle est tout simplement colossale.
Dans un récent communiqué, la préfecture de police de Paris a d’ailleurs reconnu que le camp du square Forceval était devenu un important lieu de trafic et de consommation où les toxicomanes survivent dans des conditions inimaginables, sans soins adaptés.

Saisir la Défenseure des droits

Au cours des douze derniers mois, riverains, élus et collectifs d’habitants n’ont pourtant pas ménagé leurs efforts afin d’alerter le gouvernement. Pour réclamer l’évacuation du camp et une prise en charge sanitaire et sociale de ceux qui s’y sont établis, pas moins de huit manifestations ont été organisées autour du même slogan : «  Soignez-les ! Protégez-nous !  » Une pétition et de nombreuses lettres intercommunales et transpartisanes ont également été adressées au Premier ministre et au Président de la République, tandis que deux requêtes ont été déposées auprès des tribunaux de Paris et de Montreuil par les mairies de Pantin, d’Aubervilliers et du XIXe arrondissement de la capitale.
Mais jamais, les réponses ne furent à la hauteur, même si elles commencent à arriver, comme le note Bertrand Kern, le maire : «  Le préfet de police de Paris et le ministre de la Santé et de la Prévention, tous deux récemment nommés, sont prêts à nous rencontrer, ce qui est déjà une nouveauté. La police s’efforce aussi d’arrêter des dealers sur et aux abords du camp où une grande opération a, par exemple, été menée le 13 septembre.  » Trop peu, trop tard ? C’est ce que craint Marion Angelosanto, habitante des Quatre-Chemins et membre du collectif 93 Anti-Crack : «  Moins d’une heure après la dernière opération de police, les consommateurs étaient de nouveau nombreux à se rendre au square pour acheter de la drogue !  »
«  Les habitants ont été abandonnés, résume le maire. C’est pourquoi j’invite désormais toutes les personnes concernées – habitants comme commerçants – à saisir individuellement la Défenseure des droits pour dénoncer la situation de violation de leurs droits, voire de discrimination, dont ils s’estiment être les victimes.  »

Un quartier en danger

Au-delà des riverains qui ne doivent plus être considérés comme des citoyens de seconde zone et qui ont le droit à la sécurité, c’est l’avenir même des Quatre-Chemins qui est menacé. «  Le quartier est de nouveau en danger, alors même que les efforts de réhabilitation commençaient à porter leurs fruits, par exemple avec la création du parc Diderot ou encore les projets de rénovation du marché Magenta et de reconstruction du centre municipal de santé. Le risque serait de réduire à néant les bénéfices de ces investissements  », conclut Bertrand Kern.

Comment déposer une saisine à la Défenseure des droits ?  
> Découpez la lettre-type reçue dans votre boîte aux lettres ou imprimez-là depuis le site pantin.fr. Vous pouvez également rédiger votre propre courrier.
> Sur la lettre-type, ou sur votre courrier, indiquez vos nom, prénom
et adresse dans l’en-tête.
> Apposez votre signature à la fin de la lettre-type ou de votre courrier.
> Postez directement la lettre-type ou, pour votre courrier, libellez une enveloppe à : Défenseur des droits, Libre réponse 71120, 75342 Paris Cedex 07. L’envoi est gratuit, sans nécessité de mettre un timbre.
> Vous pouvez également déposer la lettre-type ou votre courrier dans l’une des urnes prévues à cet effet à l’hôtel de ville (45, avenue du Général-Leclerc), au centre administratif (84-88, avenue du Général-Leclerc) ou à la maison de quartier des Quatre-Chemins (42, avenue Édouard-Vaillant). La ville se chargera ensuite de les envoyer.