© ville de Pantin 

Espaces verts

L’écopâturage urbain : des chèvres aux Courtillières

En novembre et décembre, des chèvres sont régulièrement venues paître au sein du parc des Courtillières à Pantin. En attirant les habitants, curieux de cette intrusion peu banale, elles ont favorisé le lien social tout en contribuant à l’entretien écologique des espaces verts du quartier.
Article de Pascale Decressac, publié dans Canal n°303, janvier/février 2022.

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Au cœur du parc des Courtillières, des tintements de cloches se font entendre... Et pour cause ! À quelques mètres des façades rougeoyantes du Serpentin, six chèvres paissent tranquillement l’herbe et les feuilles mortes jonchant le sol.

La ville côté nature

Berger urbain depuis dix ans, Gilles Amar conduit, une fois par semaine, ses bêtes à Pantin. Le chevrier et son troupeau viennent de Bagnolet où est installée, depuis dix ans, la bergerie des Malassis. Là, il élève une trentaine de chèvres, deux boucs, quelques brebis et prend soin d’un grand jardin collectif. Rien ne le prédestinait pourtant à cette activité. «  J’ai grandi dans le 93  », précise-t-il. Après des études d’ethnologie, c’est dans les Pyrénées et le Tarn qu’il découvre le métier d’éleveur. Puis, de retour en Seine-Saint-Denis, il crée l’association Sors de terre qui a vocation à introduire la nature en milieu urbain en pratiquant l’écopâturage itinérant – comprendre l’entretien des espaces verts par les animaux plutôt qu’au moyen de machines et de produits chimiques – et en favorisant la gestion agro-écologique de l’espace public.

Bienvenue à Courtine !

Avec leur robe caramel, les six ruminants qui ont suivi le chevrier ont un air de famille. Il y a Zaza, la grand-mère, ses deux filles, Tchuski et Michi, et ses petites-filles nées cette année. «  La petite dernière vient tout juste d’être baptisée. Elle s’appelle Courtine. Vous savez pourquoi ?  », demande l’homme au blouson de cuir à trois écolières qui hésitent encore à les caresser. «  Parce qu’on est aux Courtillières !  », répond sans hésiter Mariam. Le berger sourit. Il le sait, ces petits clins d’œil sont une manière d’impliquer les habitants dans le projet et de créer du lien. «  On parle également des espaces verts du quartier et de la gestion différenciée. Respectueuse de l’environnement, cette pratique a été mise en place par la ville. On montre aussi comment l’animal peut l’enrichir  », explique Gilles Amar qui a disposé à proximité de son troupeau, un panneau : «  Recherche les bergers des Courtillières.  » «  Beaucoup d’habitants ont une connaissance de l’élevage. On veut valoriser cela car l’animal peut être un moyen de se rencontrer.  » Accompagné de son fils Nadir, Alef se confie : «  En Tunisie, j’ai appris à tisser la laine.  » Quand Gilles lui propose d’apporter des photos ou une couverture faite maison, l’envie de partager son savoir fait briller les yeux du père de famille...