Le projet de Cité universelle, complexe dédié à la pratique du handisport, a été présenté en septembre porte de Pantin et place Olympe-de-Gouges.
©Ville de Pantin 

Solidarité

Pour une ville all inclusive

Avec des Foulées pantinoises inclusives le 26 mai, le passage de la flamme paralympique le 27 août et du paramarathon le 8 septembre, Pantin porte haut les couleurs du handisport. Au-delà, l’inclusion des personnes en situation de handicap se décline dans de nombreux domaines de la vie locale. On fait le tour de la question.
Extrait du dossier réalisé par C. Portaluppi, G. Gesret, G. Théchi, pub

Publié le

Depuis la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances – prolongée en 2015 –, la voirie, les transports publics et les établissements recevant du public (ERP) doivent être accessibles à tous les types de handicap. Un chantier gigantesque auquel la commune travaille depuis plus de 20 ans et la signature de la charte Ville-Handicap. Ainsi, 79,45 % de la voirie municipale est aujourd’hui adaptée aux personnes à mobilité réduite (PMR) pour un maximum possible de 89,06 % – les autres rues étant trop pentues pour être empruntées en fauteuil roulant. Pour parvenir à ce résultat, jusqu’à 90 000 euros ont été investis chaque année. «  Les efforts faits dans ce domaine à Pantin sont parfois annulés par des incivilités. Des voitures garées sur les bateaux ou des poubelles sur les trottoirs… cela empêche de circuler en fauteuil  », regrette Diane Goli, présidente de l’association pantinoise Handyjoy qui soutient les personnes porteuses de handicaps physiques.

Rendre accessible

«  Des avancées existent, confirme Christophe Derouet, non voyant et créateur de la plateforme handivelo.fr, destinée à rendre accessible à tous la pratique du cyclisme. Cependant, les alertes sonores pour les feux tricolores, déclenchées par une télécommande individuelle, doivent être améliorées.  » Et c’est justement le prochain chantier auquel s’attellera la ville puisque de nouveaux modules sonores seront installés aux carrefours afin d’éviter les confusions en cas de traversées successives.

Pantin continue, par ailleurs, à investir entre 100 000 et 350 000 euros par an dans l’accessibilité des bâtiments communaux – 17 ayant déjà été mis aux normes. Parallèlement, chaque opération de réhabilitation d’ampleur est l’occasion d’une mise en accessibilité, comme cela a été le cas à l’école Quatremaire et à l’hôtel de ville.

Préserver sa santé

Côté santé, l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap est l’un des axes prioritaires du nouveau Contrat local de santé en cours d’élaboration (lire ci-contre). Deux projets importants sont d’ailleurs dans les cartons. La plateforme autonomie, dont l’ouverture est prévue en 2025, réunira le pôle municipal Maintien à domicile, un accueil d’information et le centre municipal de santé Sainte-Marguerite. En 2026, c’est une structure d’accompagnement d’enfants souffrant de déficiences sensorielles qui s’installera au sein des Pantinoises.

Trouver un emploi

L’accès au monde du travail étant l’une des principales difficultés des personnes en situation de handicap, l’entreprise à but d’emploi PAM ! mène une forte politique d’inclusion grâce à l’adaptation de ses postes de travail, horaires et missions. Un quart de ses 33 salariés sont concernés par de tels aménagements, à l’image de Fatima, couturière et travailleuse handicapée : « Moralement, cet emploi me fait beaucoup de bien, je ne pense plus à mon dos. Je rencontre des gens et j’apprends des choses!  » 

De son côté, l’Agence locale d’insertion ouvre, ce mois-ci, en partenariat avec des associations spécialisées, une permanence mensuelle destinée aux allocataires du RSA dont les problèmes de santé, psychiques ou mentaux freinent le retour à l’emploi.

Faire du sport

Le souci d’inclusion s’étend aussi aux loisirs : la ludothèque Cartier-Bresson commence à acquérir des jeux de société adaptés à divers handicaps, tandis que les bibliothèques proposent des livres en Falc (Facile à lire et à comprendre) dédiés aux personnes dys ou souffrant de déficience intellectuelle. Elles programment également des spectacles inclusifs – récemment en langue des signes.

Dans le domaine du sport, la piscine Alice-Milliat dispose d’un fauteuil de mise à l’eau et des agrès 100 % accessibles, issus du budget participatif, ont été inaugurés en mars sur le parvis du théâtre du Fil de l’eau.

Enfin, des villages paralympiques seront proposés à l’occasion de Pantin la fête et de l’Été à Pantin. Un avant-goût de la future Cité universelle qui, porte de Pantin, sera entièrement dédiée à la pratique du handisport.

Permanence à l’Agence locale d’insertion à destination des personnes souffrant de problèmes de santé, psychiques ou mentaux : lundi 27 mai, 7, rue de la Liberté. Sur rendez-vous au ( 01 49 15 70 13.

Le handicap, l’une des priorités du nouveau Contrat local de santé
C’est le futur plan d’actions de la ville en matière de santé. En cours d’élaboration, le nouveau Contrat local de santé (CLS) sera signé à la fin de l’année.
Le prochain Contrat local de santé comportera six axes : la réduction des inégalités sociales en matière d’accès aux droits et aux soins ; la prévention et la promotion de la santé pour tous ; la santé psychique et mentale ; l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap ; le renforcement du pouvoir d’agir des usagers ; l’offre de soins et l’attractivité locale pour les professionnels.

3 questions à…

Philippe Lebeau, conseiller municipal délégué à la Santé et au Handicap 

Canal :Où en est la politique d’accessibilité de la ville de Pantin ? 

Philippe Lebeau : Depuis la loi de 2005, qui fixait des objectifs en termes de mise en accessibilité des voiries et établissements recevant du public (ERP), la ville a sanctuarisé un budget annuel dont le montant oscille entre 400 000 et 500 000 euros. Aujourd’hui, 79,45 % des trottoirs sont accessibles, sur un total de 89,06 % – le reste étant trop pentu pour pouvoir être emprunté en fauteuil roulant. Chaque réaménagement urbain et intervention sur le bâti ancien est l’occasion d’une mise aux normes. Il en va de même pour tous les programmes neufs. Un engagement que nous poursuivons malgré la baisse des dotations de l’État, alors que de nombreuses villes, étranglées financièrement, sont contraintes d’opter pour un statu quo.

Quels sont vos projets en direction des personnes en situation de handicap ?

P. L. : La ville ouvrira, en septembre 2025, avenue Édouard-Vaillant, une plateforme auto-nomie, regroupant le centre de santé Sainte-Marguerite et le service d’aide à domicile dédié à la prise en charge de la dépendance et du handicap. L’objectif : favoriser le maintien à domicile dans les meilleures conditions. De plus, la première réunion de travail autour du nouveau Contrat local de santé (CLS) a permis de faire émerger certains besoins, notamment la facilitation du transport des personnes en situation de handicap et l’ouverture de créneaux réservés au sport adapté et au sport santé qui permettent de conserver une qualité de vie et une autonomie le plus longtemps possible. La future halle sportive Charles-Auray, entièrement accessible, constitue une vraie opportunité pour développer ces pratiques. Il reste beaucoup à faire et l’un des axes du futur CLS sera consacré à l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap.

Quels sont les autres axes du CLS ?

P. L. : Ce nouveau CLS, co-élaboré avec les partenaires institutionnels et associatifs de la ville, sera finalisé fin 2024 et affiche plusieurs priorités : l’accès aux soins garanti à tous, la prévention et la promotion de la santé pour tous, la santé psychique et mentale, le renforcement du pouvoir d’agir des usagers, l’amélioration de l’offre de soins et de l’attractivité du territoire aux personnels de santé.

 

Retrouvez les autres articles du dossier "Pour une ville inclusive" réalisé par Catherine Portaluppi, Guillaume Gesret et Guillaume Théchi, publié dans Canal n°326, mai 2024 :
"Vivre sa vie d’enfant comme les autres" 
> "Le sport comme moyen de se construire"
"Le chant du signe"