La plupart des animateurs des centres de loisirs de Pantin sont formés à l’accueil des enfants porteurs de handicap.
©Ville de Pantin 

Solidarité

Vivre sa vie d’enfant comme les autres

Centres de loisirs inclusifs, animateurs formés, clubs sportifs bienveillants et vacances pour tous : Pantin se mobilise pour l’accueil de tous les enfants.
Extrait du dossier réalisé par C. Portaluppi, G. Gesret, G. Théchi, publié dans Canal n° 326, mai 2024

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Il s’appelle Liam, il a 11 ans et souffre de troubles du comportement. Scolarisé en Unité localisée pour l’inclusion scolaire (classe Ulis), comme environ 130 enfants à Pantin, il a longtemps fréquenté le centre de loisirs de son quartier et est parti en mini-séjour organisé par la ville. «  Tout s’est toujours bien passé, raconte sa mère, Cécile. Les animateurs étaient attentifs et bienveillants. » Cette année, Liam est inscrit à l’école du Rugby olympique de Pantin : «  Le club l’a tout de suite accepté, même avec sa différence. Liam est très content et se sent vraiment intégré dans l’équipe.  » 

Pour permettre aux enfants en situation de handicap de vivre leur vie, la ville favorise leur accueil sur les temps péri et extra-scolaires : les animateurs des centres de loisirs reçoivent une formation spécifique et le taux d’encadrement règlementaire est renforcé, avec un animateur pour trois enfants. Des malles pédagogiques, élaborées avec les professionnels référents, sont également fournies aux centres de loisirs, en particulier pour répondre aux spécificités émotionnelles des enfants. Des mini-séjours inclusifs sont, en outre, régulièrement organisés, tandis que la facilitation de leur départ est l’un des critères de la ville pour choisir ses prestataires de colonies de vacances.

Pallier les carences de l’État

Côté Éducation nationale, le manque de moyens se fait cruellement sentir, malgré l’existence de classes Ulis : en Seine-Saint-Denis, il manquait, en 2023, au moins 2 500 accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) selon la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH). La ville réclame ainsi 46 postes d’AESH en plus pour ses écoles afin d’être en conformité avec les engagements de l’Éducation nationale. Pour cela, elle vient, avec 11 autres villes de Seine-Saint-Denis, de mettre l’État en demeure.

Pour défendre l’inclusion en milieu scolaire, la ville agit également au-delà de ses compétences : elle forme ses Atsem (Agent territorial spécialisé dans les écoles maternelles) afin de garantir une prise en charge adaptée , y compris sur la pause méridienne, et vient d’ouvrir, à l’école maternelle Jean-Lolive, dans le cadre de la Cité éducative, une salle de repos pour enfants à besoins particuliers.

Pantin favorise, par ailleurs, autant que possible, le départ de tous les élèves en classe transplantée et finance le séjour de l’AESH de l’enfant ou d’un animateur supplémentaire. Elle organise, enfin, des parcours de sensibilisation au handicap. Cette année, Super normal a ainsi été suivi par des CM1 de l’école Charles-Auray.

Des établissements adaptés

De son côté, l’école Sainte-Marthe a ouvert une Unité d’enseignement en maternelle (UEMA) à destination des 3-6 ans souffrant de troubles du spectre autistique : sept enfants y sont scolarisés, entourés de cinq éducateurs, d’un enseignant spécialisé et d’un psychologue. Quant au centre Simone-Delthil, actuellement implanté à Saint-Denis, il s’installera, en 2026, avenue Jean-Jaurès et proposera aux enfants souffrant de déficiences sensorielles (auditives, visuelles, etc.) un soutien en milieu scolaire et à domicile, mais aussi des consultations spécialisées et des ateliers.

Côté sports, outre les clubs inclusifs que sont le Pantin volley ou le Judo club de Pantin, l’association Ikigaï propose, depuis septembre à la piscine Alice-Milliat, des cours de natation. Destinés aux enfants souffrant de troubles du spectre autistique, ils sont dispensés sur un créneau dédié par deux maîtres-nageurs spécialement formés.

Apprendre, travailler, s’épanouir

L’Institut médico-éducatif (IME) Louise-Michel, fondé en 1972, et l’Établissement et service d’accompagnement par le travail (Esat) le Colibri, créé en 2021, accueillent enfants, ados ou adultes, de Pantin et de Seine-Saint-Denis, en situation de déficience intellectuelle ou de handicap psychique.

«  Ici, ce n’est pas une école !, affirme d’emblée Hélène Vareille, directrice de l’IME Louise-Michel. Nous proposons plutôt un suivi global selon les compétences, capacités et difficultés des enfants. Nous travaillons surtout pour développer leur autonomie !  » À l’IME, affilié à l’association APAJH Seine-Saint-Denis, l’accompagnement des 72 jeunes de 4 à presque 23 ans, adressés par la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) de Seine-Saint-Denis, s’adapte à chacun, avec des emplois du temps personnalisés.

Des apprentissages concrets

Répartis en six classes d’âge, les enfants suivent divers ateliers proposés par des éducateurs, lesquels sont autant d’occasions d’apprentissages très concrets. «  Certains enfants ont peur de prendre le métro, à cause du bruit et de la lumière. Nos ateliers transports les aident à s’accoutumer à la vie de la ville et cela soulage les familles, explique la directrice. Un atelier cuisine leur permet d’apprendre à aller au marché, exprimer leurs souhaits, compter leur monnaie, se laver les mains au retour, ranger les aliments au frigo, les peser pour cuisiner…  » ; De nombreuses sorties sont également organisées à la bibliothèque Elsa-Triolet, à la piscine Alice-Milliat et au Ciné 104. Enfin, selon leurs compétences, leurs besoins et leur évolution, certains enfants suivent des activités scolaires dispensées par des enseignants détachés de l’Éducation nationale.

Un besoin de structures d’accueil

Et après l’IME ? Là encore, les manques sont criants et de jeunes adultes sont parfois contraints de rester à Louise-Michel faute de place dans des structures adaptées à leur âge.

Pour autant, parmi les solutions proposées localement aux adultes, le Colibri. Cet Esat spécialisé dans la restauration est un lieu d’accueil, d’activité et d’insertion socioprofessionnelle. Chaque jour, 56 personnes en situation de handicap psychique, âgées de 18 à 60 ans, encadrées par des moniteurs-cuisiniers et des travailleurs sociaux, y préparent des plats pour les entreprises ou collectivités, dont la mairie de Pantin.

 

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