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Culture et patrimoine

Émilie MARSOLLAT

«  Ce cancer m’a servi d’électrochoc, justifie Émilie Marsollat. Paradoxalement, ces deux ans m’ont donné l’envie d’en découdre avec la vie.  »

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Atteinte d’un cancer du sein à 40 ans, la scénariste-réalisatrice Émilie Marsollat a mis son art à l’œuvre pour lutter contre la maladie. Avec son film Cancer, sans déc ! et la création d’une association, la Pantinoise a trouvé les mots – et l’humour – pour raconter son expérience. Rencontre à l’occasion d’Octobre rose, la campagne nationale de lutte contre le cancer du sein.
Portrait de Hana Levy, publié dans Canal n°320, octobre 2023.

Causer des causes. Émilie Marsollat le fait depuis une décennie ! En 2013, un cancer du sein, fulgurant et hyper agressif, l’assaille. Une mastectomie et 18 mois de soins intensifs plus tard, cette mère de deux enfants, silhouette frêle et teint diaphane, ne s’avoue pas vaincue. Elle décide, au contraire, de faire de son corps mutilé un objet d’art.
Les photos exposées de ses cicatrices tatouées, «  une démarche poétique pour me réapproprier mon corps et dédramatiser les regards  », suscitent les réactions en chaîne de femmes atteintes de la même maladie. L’accrochage donne naissance à une association, surnommée avec humour MoNoBoob (littéralement sein unique). «  Ce cancer m’a servi d’électrochoc, justifie Émilie Marsollat. Paradoxalement, ces deux ans m’ont donné l’envie d’en découdre avec la vie.  »
Ainsi, elle signe un livre au titre ravageur,C., Sex and Sun, adapté de son scénario de long-métrage Happy C, et prépare un documentaire sur l’après-cancer lorsqu’une dépression sévère la rattrape. «  Je ressentais une énorme culpabilité car j’avais survécu.  »

L’humour pour briser les tabous
En 2020, elle s’inspire aussi de son expérience pour réaliser un court-métrage entièrement tourné à Pantin «  grâce à la générosité des commerçants  » et autofinancé. Tricoté à partir des témoignages de victimes du cancer du sein, Cancer, sans déc ! est une comédie drôle et insolente qui aborde les maladresses de l’entourage face à la maladie. «  Quelques petites bourdes et bonnes intentions plus tard, on se retrouve à réconforter les maladroits peu outillés pour appréhender leur peur  », s’étonne encore la réalisatrice. Aujourd’hui, le film sert de support à des séances de sensibilisation dans les associations, les hôpitaux et les groupes de patients.
Depuis, la Pantinoise n’a pas abandonné sa caméra de bataille. Les Yeux grand fermés, le téléfilm adapté de son scénario sur l’inceste, inspiré de son histoire, sera diffusé cet automne sur TF1 à l’occasion d’une campagne gouvernementale pour briser l’omerta sur les viols intra-familiaux. «  J’ai mis 20 ans à le produire. Car si le discours a été libéré, la réalité, elle, n’a pas tellement changé  », déplore-t-elle.

Action !
Émilie Marsollat, qui salue les campagnes de sensibilisation comme Octobre rose, met cependant en garde : «  Ces journées ne doivent pas servir à se donner bonne conscience mais être suivies d’actes.  » Elle préconise ainsi quelques mesures : «  Briser la vitre entre patients et soignants, apprendre aux femmes à s’autodiagnostiquer, aux médecins à révéler leurs failles et laisser le patient libre de choisir ses soins.  »
Son vœu le plus cher ? Que ses films soient projetés au Ciné 104 pour susciter le débat dans la ville où elle habite depuis 22 ans.

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