
Égalité femmes-hommes
Année de l'égalité : le bilan !
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« Le changement symbolique du nom de Pantin a fait plus de bruit que les chiffres, catastrophiques en France, des violences conjugales, féminicides et incestes. Cela interroge sur notre société. Pour moi, cette féminisation était un joli coup de pied dans la fourmilière ! », s’exclame Khaïra Mili, présidente de l’association Marici, lauréate en mars dernier d’un Trophée de l’égalité décerné par la ville, tout comme Nénuphar, dont la directrice, Fatma Sel, confirme : « L’Année de l’égalité nous a donné de la visibilité et de la reconnaissance, mais aussi de la confiance en la justesse de notre combat. »
Agir sur tous les fronts
Pour mener à bien cette bataille pour l’égalité, la ville a, de son côté, engagé simultanément plusieurs actions. Contre la précarité menstruelle, 27 distributeurs de protections périodiques gratuites ont été ou seront prochainement installés dans des équipements municipaux, tandis que des kits de culottes menstruelles sont en cours de distribution aux femmes en difficulté.
Contre les violences, la Maison des femmes, qui ouvre le 4 décembre, sera un lieu ressource pour les victimes. Des conventions signées avec les bailleurs sociaux faciliteront en outre le relogement de neuf Pantinoises par an contraintes de fuir leur conjoint violent. Enfin, élus, agents d’accueil et animateurs seront formés l’année prochaine sur ces questions.
Contre le sexisme ordinaire, et pour initier à la culture de l’égalité dès le plus jeune âge, tous les centres de loisirs – qui, chaque mercredi, accueillent 1 800 enfants – proposeront en 2024 des projets autour de l’égalité filles-garçons. Trois cours jardins, plus égalitaires dans la répartition des espaces, ont été créées dans des écoles et une quatrième, réalisée par le Conseil départemental, le sera bientôt au collège Jean-Jaurès. Du côté des plus grands, « il y a mille façons de traiter ces questions, détaille Fahima Djouadi, responsable du pôle Jeunesse. En organisant, par exemple, des représentations de théâtre-forum autour de la place des filles, en veillant à la mixité dans les équipes sportives des antennes jeunesse, mais aussi grâce au projet Glow up qui permet à des adolescentes d’améliorer leur estime d’elles-mêmes et de s’épanouir. »
Plus de sport féminin
Côté sport, la Team Go Girls a déjà séduit 700 jeunes Pantinoises de 7 à 14 ans, lesquelles peuvent tester diverses disciplines. « Ce programme n’est pas arrivé à Pantin par hasard, assure Diandra Tchatchouang qui le pilote pour l’Agence nationale du sport. Renommer la ville était un acte fort à mes yeux. Un acte qui a enclenché un mouvement pour combattre les inégalités. Et si je m’engage dans le sport, c’est pour que le terrain de jeu soit le même pour les garçons et les filles. » Avec son école de rugby qui compte 50 % de joueuses, le Rugby olympique de Pantin relève le défi haut la main ! Quant à Sine qua Non, l’une des neuf associations subventionnées spécifiquement cette année pour mener des actions en faveur de l’égalité, elle promeut, à l’échelle du territoire, l’activité sportive des femmes en organisant, sur l’espace public, des séances de street work out et des footings 100 % féminins.
Pantin souhaite enfin donner l’exemple en programmant régulièrement des artistes femmes dans la Saison culturelle et en organisant, ou en soutenant, des événements de promotion de la cause féminine : la traditionnelle Semaine de l’égalite, bien sûr, mais aussi, à la Cité fertile, le Salon des agricultrices et le festival féministe We Too.
Et demain ?
Pour améliorer la vie de ses agentes, la commune mènera une expérimentation de congé menstruel et fera travailler, dans ses locaux, les agents d’entretien – principalement des femmes – plus tard le matin et plus tôt l’après-midi.
Et comme la reconquête de l’espace public est essentielle, la ville lancera, début 2024, une opération de féminisation de noms d’équipements publics (maisons de quartier, par exemple), lesquels seront soumis à concertation auprès des usagers et des habitants.
Le regard d'Ernestine Ronai, créatrice du premier Observatoire départemental des violences faites aux femmes
« Les collectivités ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Les villes disposent en effet de plusieurs leviers pour cela.
Le premier : la formation des agents municipaux. Ces derniers doivent systématiquement poser la question des violences aux usagères qu’ils reçoivent. L’ouverture de la Maison des femmes de Pantin va, bien sûr, aider en concentrant toutes les énergies dans un même lieu où les principales concernées se pauseront, discuteront entre elles, bénéficieront de nombreuses permanences… Deuxième levier : la sensibilisation des plus jeunes grâce à laquelle ils pourront se sentir autorisés à dénoncer des maltraitances. Enfin, en organisant des débats, rencontres et échanges sur ces sujets, les villes favorisent la prévention.
Quant à l’idée d’associer les bailleurs sociaux pour faciliter le relogement pérenne des femmes victimes de violences, je la trouve formidable ! C’est une continuité du dispositif départemental Un Toit pour elle que nous avons initié. »