Personnalités pantinoises

De nombreuses personnalités ont un rapport très étroit avec la ville : certaines y sont nées, d'autres y ont été scolarisées, beaucoup y ont travaillé ou encore habité. Femmes et hommes engagés, artistes, entrepreneurs... : voici les célébrités pantinoises qui ont marqué la ville de leur empreinte du 18e siècle à nos jours.

Beaumarchais (1732-1799)
Le père de Figaro possédait des terres à Pantin

Issu d'une famille d'horlogers bourgeois et intellectuels, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais naît en 1732 à Paris. Homme d'art et de lettres, c'est un mondain et un érudit. Beaumarchais gagne très vite les faveurs de la cour en accédant à la charge convoitée de professeur de harpe des filles de Louis XV. Également homme d'action, il se lance dans les affaires et devient, pour le compte du roi, marchands d'armes et agent secret. Propriétaire terrien, il fait l'achat de nombreux terrains à Paris et à Pantin. La vie trépidante de Beaumarchais finit par le conduire vers le théâtre. Déjà célèbre pour sa fortune et les procès dans lesquels il est mis en cause, il met en scène des spectacles pour des représentations privées, avant de produire ses spectacles sur scène. Ses premières pièces connaissent un succès mitigé. Il faudra attendre 1775 et la comédie Le barbier de Séville puis sa suite, 10 ans plus tard, Le mariage de Figaro, pour que Beaumarchais trouve la gloire. Éditeur de Voltaire, il est aussi à l'origine de la première loi en faveur du droit d'auteur. Figure importante du siècle des Lumières, il est considéré comme l'un des annonciateurs de la Révolution française.

Marie-Madeleine Guimard (1743-1816)
La plus grande danseuse de son époque avait son propre théâtre à Pantin

Marie-Madeleine Guimard, dite La Guimard, née à Paris en 1743, a été l'une des plus grandes danseuses de la deuxième moitié du 18e siècle.
Entrée à 14 ans à la Comédie française (qui possédait alors un corps de ballet), celle qu'on surnommait "l'araignée" à cause de sa maigreur y est immédiatement reconnue pour son talent.
Son ascension sociale débute à l'âge de 18 ans, quand elle est admise à l'Académie royale de musique. Intelligente, raffinée, pleine d'esprit, La Guimard acquiert une petite maison dans le village de Pantin et y fait construire un théâtre. On y joue des comédies libertines et le tout-Paris aristocratique s'y presse. On parle alors "d'aller à Pantin" comme d'aller à Versailles.
Mécène au goût très sûr, elle favorise la carrière de plusieurs artistes dont le peintre Fragonard.
Elle quitte Pantin pour un luxueux hôtel particulier parisien qu'elle fait construire Chaussée d'Antin et auquel elle accole une salle de spectacle pouvant accueillir 500 personnes. Elle s'éteint, en partie ruinée, en 1816.

Etienne-Nicolas Méhul (1763-1817)
Le célèbre compositeur vécut à Pantin

Né en 1763 dans les Ardennes, Etienne-Nicolas Mehul prend des leçons de musique dès son plus jeune âge. Organiste de formation, il étudie à Paris auprès de musiciens réputés et publie ses premiers recueils de sonates. En 1790, il crée l'opéra Euphrosine ou le tyran corrigé, qui connaît un grand succès. Il consolide sa réputation en composant de nombreuses œuvres, dont des opéras comme Stratonice ou Méidore et Phrosine. Il est l'un des tout premiers musiciens qualifiés de "romantiques" et inspire les plus grands, comme Hector Berlioz. Pendant la Révolution, Méhul compose des chants patriotiques, le plus célèbre étant Le chant du départ (1794) sur un poème de Chénier, considéré comme une seconde Marseillaise. Co-fondateur du Conservatoire de Paris, il est l'un des tout premiers à recevoir la Légion d'honneur, distinction crée par Napoléon, alors Premier consul. L'échec de son dernier opéra contraint le compositeur à clore sa carrière à 50 ans à peine. Il passe sa retraite dans sa maison de Pantin, alors petite bourgade campagnarde. Il s'y adonne jusqu'à sa mort à sa deuxième passion : l'horticulture.

La famille Cartier-Bresson (1859-1959)
Pantin au temps des usines

Au 19e siècle, Pantin abrite de nombreuses activités industrielles (chaudronnerie, parfumerie, distillerie, manufacture de tabac et d'allumettes...). Claude Bresson y implante une immense manufacture en 1859 sur près de 14 000 m2 : la Société française des cotons à coudre. On y traite, teint et met en bobine le fil de base, avant de le vendre. Une fois cédée à son fils et à son gendre, la société prend le nom de Cartier-Bresson et s'étend au-delà de Pantin, notamment dans l'est de la France. Henri Cartier (à gauche sur la photo), petit-fils de Claude Bresson, dirige les ateliers de Pantin pendant de nombreuses années. Au début du 20e siècle, la manufacture compte 450 employés et ses produits ont une renommée nationale. La maison-mère pantinoise contribue fortement au développement du nouveau quartier des Quatre-Chemins, créé pour accueillir les ouvriers de toutes origines qui travaillent dans les nouvelles industries. La taille de l'entreprise (dont le nombre d'ouvriers culminera jusqu'à 600), l'encadrement paternaliste ou encore les initiatives caritatives marquent durablement l'histoire de la ville jusqu'à sa cessation d'activité à la toute fin des années 50.

Paul Signac (1863-1935)
Un peintre pointilliste à Pantin

Né à Paris en 1863, Paul Signac débute dès 17 ans une carrière d'artiste-peintre dans son atelier de Montmartre et se perfectionne, seul, sous l'influence des impressionnistes. Il rencontre le peintre Georges Seurat et s'intéressent tous deux aux théories sur la perception des couleurs. Ils adoptent le principe de la division des tons, élaborant ainsi la technique du pointillisme. Signac se fait le propagateur du mouvement, en France et en Belgique. Il élargit progressivement sa touche, poussant plus loin l'expérimentation de la décomposition de la lumière et développe le néo-impressionnisme. Grand voyageur et marin, Signac a peint de nombreux ports. Plusieurs de ses œuvres, notamment une série d'aquarelles réalisées en 1927, représentent Pantin vue depuis le canal de l'Ourcq, mettant ainsi en avant les Grands Moulins.

Léon Jouhaux (1879-1954)
De la manufacture d'allumettes au prix Nobel de la paix

Né à Pantin en 1879, Léon Jouhaux est ouvrier à la manufacture d'allumettes d'Aubervilliers dès l'âge de 16 ans. Il y découvre le militantisme syndical et devient, en 1909, secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT). Après la Première Guerre mondiale, il participe à la Conférence de la paix et y présente un projet de Conseil national économique chargé d'examiner tous les problèmes posés par le retour à la paix. Jouhaux est l'un des deux vice-présidents et joue notamment un grand rôle dans l'élaboration des lois sociales votées par le gouvernement du Front populaire en 1936. Emprisonné pendant la Seconde Guerre mondiale (aux côtés des anciens ministres et présidents du conseil Edouard Daladier et Paul Reynaud), il reprend la tête de la CGT à la Libération. Après la scission du syndicat, il dirige la CGT-Force ouvrière et est élu à la présidence du Conseil économique reconstitué, dont il garde la présidence jusqu'à sa mort. En 1951, Léon Jouhaux reçoit le prix Nobel de la paix.

Hélène Brion (1882-1962)
Une Olympe de Gouges pantinoise

Née à la fin du 19e siècle, Hélène Brion est une institutrice qui s'engage très tôt dans de nombreuses organisations féministes, militant notamment pour obtenir le droit de vote des femmes. Après avoir été nommée en 1911 à l'école de la rue Candale à Pantin, elle devient porte-parole du courant pacifiste de la CGT, très actif pendant la Première Guerre mondiale. Très engagée, elle finit par être accusée de traîtrise et de défaitisme. Axant sa défense sur les droits qui sont niés aux femmes, elle est condamnée à de la prison avec sursis et révoquée de l'enseignement. Militante toujours active, elle publie par la suite une revue féministe et participe à la création de l'université populaire de Pantin. Elle finit par être réintégrée dans ses fonctions d'institutrice où elle continue d'exercer rue Candale. Jusqu'à sa mort en 1962, Hélène Brion travaillera sur un projet gigantesque d'encyclopédie féministe.

André Breton (1898-1966)
Le chef de file du mouvement surréaliste était écolier à Pantin

Issu d'une famille bourgeoise catholique, André Breton a 6 ans lorsque ses parents s'installent à Pantin. Il y fait ses petites classes avant d'être envoyé en demi-pension dans un lycée parisien. En 1914, après avoir publié ses premiers poèmes dans une revue littéraire, il noue des relations suivies avec le poète Paul Valéry puis avec Jacques Vaché, dessinateur et écrivain, considéré comme l'un des précurseurs du surréalisme. Breton décide alors d'arrêter ses études de médecine, préférant se consacrer à une carrière littéraire. Très influencé par le poète Mallarmé, il fait paraître son premier recueil de poèmes en 1919 et fonde la revue Littérature avec Soupault et Aragon. Ensemble, ils se livrent à des expériences (sommeil hypnotique, rêves éveillés, écriture automatique...) qui conduiront à la rédaction du manifeste du surréalisme en 1924. Il continue d'écrire des poèmes et des romans, dont l'emblématique Nadja, tout en poursuivant son exploration du domaine de l'inconscient avec des récits comme Les vases communicants et L'amour fou. Chef de file incontesté du surréalisme, il se consacre jusqu'à sa mort à ce mouvement, en travaillant notamment avec l'artiste Marcel Duchamp, en participant à des manifestations et en dirigeant plusieurs revues.

Emile Aillaud (1902-1988)
L'Architecte des Courtillières

Né en 1902 à Mexico, Emile Aillaud est un architecte français formé à l'école des Beaux-arts de Paris. À la Libération, il construit des bâtiments industriels et des logements en Lorraine, avant de se consacrer à la reconstruction de la ville d'Arras. Préoccupé par le logement social, il défend une vision poétique et culturelle de l'architecture, contrairement à la plupart de ses confrères, attaché à une approche strictement utilitariste. C'est ainsi qu'il réalise, entre la fin des années 1950 et la fin des années 1970, plusieurs grands ensembles uniques en région parisienne, à Bobigny et Nanterre. On lui doit aussi le quartier des Courtillières, imaginé et construit de 1957 à 1964, où il créé le fameux Serpentin, immeuble ondulé de béton long de plus d'un kilomètre. 655 appartements y enserrent, comme un rempart aux courbes inattendues, un parc arboré de près de 4 hectares. Reconnu pour l'originalité de ses créations et à sa parfaite maîtrise technique, Aillaud devient professeur aux Beaux-arts. Membre de nombreux jurys dont celui du centre Beaubourg, il participe à des réalisations de grande envergure comme le projet des Halles ou encore le parvis de la Défense.

Raymond Mulinghausen (1920-2009)
Une gloire du sport à Pantin

Né en 1920 à Paris, Raymond Mulinghausen est un sportif français connu pour exceller en plongeon, mais également en boxe et football. Longtemps athlète le plus titré de France (20 fois champion de France de plongeon), il multiplie les victoires : 5e aux JO de Londres de 1948 malgré une blessure, vainqueur aux 1ers Jeux méditerranéens de 1951, 22 sélections internationales, 16 fois champions de Paris... Il devient ensuite juge de plongeon, notamment aux Jeux olympiques. Habitant Pantin, Mulinghausen met le sport à l'honneur dans la ville : il y dirige la piscine de 1958 à 1980, il entraîne l'équipe de water-polo pantinoise, organise une grande compétition de nage en eau libre dans le canal de l'Ourcq, imagine un programme d'initiation à la natation pour les enfants des Courtillières... Il meurt à Pantin en 2009.

Pierre Desproges (1929-1988)
Un humoriste pantinois

"J'essaie de ne pas vivre en contradiction avec les idées que je ne défends pas"
Né à Pantin en 1939, cet humoriste anti-conformiste multiplie les expériences professionnelles selon un schéma assez insolite (étude de kiné, écrivain de roman-photos, vendeur d'assurance, directeur commercial, pronostiqueur de tiercé...) avant d'entamer une carrière journalistique à l'humour grinçant. Tout d'abord au sein du journal L'Aurore dans les années 60, puis en intégrant l'émission de TV animée par Jacques Martin, Le Petit rapporteur. Dans les années 80, l'humour noir de Pierre Desproges bat son plein avec des apparitions et des chroniques TV et radio célèbres : Le tribunal des flagrants déliresLa minute nécessaire de Monsieur CyclopèdeChronique de la haine ordinaire... En parallèle, il mène une carrière de show man, en promenant son spectacle Seul en scène sur toutes les scènes de France jusqu'à sa mort à Pantin en 1988. Ses aphorismes acerbes sont salués bien au-delà des émissions de divertissement et en font une sorte de moraliste post-moderne, aux limites de la loufoquerie et du surréalisme. 

Jacques Higelin (1940–2018)
Un artiste iconique à Pantin

Né en 1940 en Seine-et-Marne, Jacques Higelin est l’un des chanteurs français les plus iconiques. Après avoir fréquenté le célèbre cours d’art dramatique Simon, il débute sa carrière artistique au cinéma en 1959 dans Le bonheur est pour demain d’Henri Fabiani. Il tourne dans une trentaine de films jusqu’en 2013, sous la direction notamment de Claude Lelouch et Jacques Doillon. Il se lance dans la musique dans les années 60 et sort son premier album solo en 1971. Les années soixante-dix sont décisives pour sa carrière. Il explore alors un registre musical rock, provocateur et sombre, avant d'exprimer une poésie fantaisiste unique. Son album Alertez les bébés ! (1976) lui vaut le prix de l’académie Charles-Cros. Il fréquente les scènes des plus grands festivals et salles de concert et collabore avec les monstres sacrés de la chanson, Charles Trenet, Brigitte Fontaine… Dans les années 2000, il s’installe à Pantin et participe à la vie locale, donnant notamment un concert bénévole lors de la fête de la musique 2001. Militant, il soutient de nombreuses associations comme Droit au logement et figures politiques telle qu'Anne Hidalgo, candidate à la mairie de Paris en 2014. Il meurt en 2018, laissant une empreinte durable dans le paysage musical français.