
Urbanisme
L'îlot Jacques-Brel bientôt métamorphosé
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Un article de Frédéric Fuzier publié dans Canal n°338 juillet-août 2025
Situé entre l’avenue Édouard-Vaillant et la rue Cartier-Bresson, bordé à l’ouest par le passage Honoré et, à l’est, par la rue Denis-Papin, les quatre hectares de l’îlot Jacques-Brel sont largement dédiés à l’éducation. Ce dernier abrite, en effet, en plus de la maison de quartier Assia-Djebar (anciennement Quatre-Chemins) et de la salle Jacques-Brel, les écoles maternelle et élémentaire Vaillant-Lolive ainsi que l’ancien collège Jean-Lolive, investi, en 2022, par l’association culturelle Artagon, la cantine du Pas si loin ou encore la ludothèque des Quatre-Chemins.
Réunion publique sur le projet de rénovation urbaine de l’îlot Jacques Brel
► En présence de Bertrand Kern, Maire de Pantin
► Mardi 8 juillet - 18h
► Maison de quartier Assia-Djebar (42, avenue Édouard-Vaillant).
Malgré la présence du square Lapérouse, l’îlot reste essentiellement minéral. Il est surtout très enclavé, en étant uniquement relié au reste du quartier par l’étroit passage Honoré. Le transformer devenait donc nécessaire.
Réhabiliter plutôt que démolir
En 2020, la démolition de l’ensemble de la cité scolaire, incluant le collège, et la construction d’une nouvelle école de 29 classes ont été envisagées. Un projet désapprouvé par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) en 2022, cette dernière ayant demandé à la ville de conserver au maximum les bâtiments scolaires, imaginés par Jacques Kalisz, l’un des chefs de file de l’architecture brutaliste à qui l’on doit également le CND et la bibliothèque Elsa-Triolet. Dans le même temps, avec la baisse de la démographie scolaire, créer autant de classes n’était plus nécessaire, les besoins étant déjà en partie absorbés par la nouvelle école Diderot.
Pantin a ainsi missionné un cabinet d’architectes du patrimoine afin d’auditer toutes les constructions de l’îlot. Suite à ce diagnostic, il est apparu qu’une réhabilitation en profondeur de l’ensemble de la cité scolaire était viable économiquement puisque son coût est légèrement inférieur au prix du neuf. Une remise à niveau plus que nécessaire : les bâtiments, dont le bardage est en métal, sont en effet devenus, au fil du temps, de véritables passoires thermiques, entraînant des consommations énergétiques déraisonnables et un inconfort certain pour les usagers, été comme hiver.
Un jeu de chaises musicales
Les écoles Vaillant-Lolive seront donc bel et bien réhabilitées pour être converties en un groupe scolaire de 22 classes, au confort comparable à celui d’un équipement neuf, comprenant 11 classes de maternelles et le même nombre d’élémentaires. Les espaces précédemment dévolus aux maternelles seront, quant à eux, libérés pour accueillir le centre de loisirs et la ludothèque.
Le jeu de chaises musicales se poursuit avec le bâtiment de l’ancienne usine d’allumettes. Jusqu’à présent, ce dernier accueillait quatre classes de maternelle. Demain, il hébergera le nouveau réfectoire dont l’actuel bâtiment sera détruit. C’est d’ailleurs la seule démolition validée par la Drac au sein de la cité scolaire, avec celle du bâtiment où se trouvaient les anciens logements des enseignants. Des opérations qui permettront de doubler la largeur du passage Honoré, laquelle passera de quatre à huit mètres.
Mais ce n’est pas tout ! De l’autre côté de l’emprise, rue Denis-Papin, le pavillon, sans valeur patrimoniale, hébergeant actuellement le Secours populaire, sera aussi rasé pour ouvrir l’îlot en créant une voie d’accès aboutissant sur une placette. L’association de solidarité sera, bien entendu, relogée dans un local dont la surface sera a minima équivalente. Autre grand bénéficiaire de cette réorganisation : le square Lapérouse qui verra sa surface augmenter.
De nouveaux logements
Le projet comprend en outre la construction de nouvelles habitations. À l’emplacement de l’ancien bâtiment du réfectoire, une trentaine de logements seront érigés sur une surface de 1 800 m2. Autour de l’ex collège, 195 appartements – un tiers de logements sociaux, un tiers en locatif intermédiaire et le dernier tiers en accession libre – verront également le jour.
Mais quid de l’ancien collège Jean-Lolive ? Ce dernier devrait être occupé de façon pérenne par Artagon. En contrepartie, la ville a demandé à la structure artistique d’assumer la réhabilitation du bâtiment et d’ouvrir son rez-de-chaussée au public avec plusieurs programmations possibles (galerie d’art, ateliers, caféteria...).
Îlot JACQUES BREL : Livraison en 2031
Inscrite dans le périmètre de l’écoquartier, la réhabilitation de l’emprise sera conduite par la SPL-Ensemble qui réalisera les démolitions, les aménagements des espaces publics et les nouvelles constructions. La maîtrise d’ouvrage de la rénovation des équipements publics restera cependant l’apanage de la ville.
Ce projet de grande ampleur devrait être livré en 2031, pour un coût de 35 millions d’euros après les subventions de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (environ 6 millions d’euros). Pour l’heure, le montant de celles de la Drac et de la Région reste à définir.