Un week-end pour se reconstruire avec l'association Nénuphar

Un article de Catherine Portaluppi publié dans Canal n°341 novembre 2025

«Chaque fois que je sors de chez moi, même si cela m’est difficile, j’oublie mes douleurs ; je pense moins au passé… Savoir que je ne suis pas seule, rencontrer d’autres femmes, être écoutée et conseillée, me donne la force de quitter mon lit et me permet de m’épanouir », explique Louise, 46 ans, qui a participé, pour la première fois cette année, au week-end des femmes. « L’année dernière, je n’avais vraiment pas envie de rentrer ! », se souvient Souad, 42 ans, présente pour la deuxième fois.

Pour cette troisième édition, Nénuphar a emmené dans l’Orne des femmes adressées par les maisons de quartier et la Maison des femmes.« On a imaginé ce week-end il y a deux ans car les victimes de violences nous disaient : “On est comme dans un trou dont on ne peut pas sortir.” Or, quitter son quotidien permet de réfléchir », explique Rahmouna Laslah, médiatrice de l’association Nénuphar qui organise, avec l’aide de la ville, ce court séjour également subventionné par la Caisse d’allocations familiales.

Une bulle de bienveillance

Au programme : des soirées collectives, mais aussi des ateliers détente, créatifs ou artistiques, pour les femmes d’un côté et les enfants de l’autre. Annie Bernier, professeure de yoga à la maison de quartier Marie-Clémentine Bendo, a ainsi proposé « une marche méditative, en silence, pour une reconnexion avec soi-même et avec la nature. La séance s’est poursuivie avec des mouvements lents et un travail sur la respiration qui a permis aux participantes de dépasser leur stress, de se retrouver et de s’engager sur le chemin de la transformation ».

L’objectif de ce week-end ? « Aider à verbaliser les traumatismes et les violences qu’elles ont subis, grâce à l’écoute, mais aussi créer autour d’elles et de leurs enfants, co-victimes, une bulle de bienveillance et de bien-être », explique Samah Hosny, directrice de la maison de quartier Marie-Clémentine Bendo. « Elles repartent revigorées et ressourcées, capables de démarrer de nouveaux projets ! », conclut-elle.

• Dans le cadre de la Semaine de lutte contre les violences faites aux femmes organisée par la ville, les participantes restitueront leur séjour mercredi 26 novembre, de 14.00 à 16.00, à la maison de quartier Marie-Clémentine Bendo, (1, avenue Aimé-Césaire)

Témoignage : Souad, 42 ans, Quatre-Chemins  

L’année dernière à Saint-Martin, j’étais comme une princesse : on ne cuisine pas, on s’évade de tout le stress, on lâche prise. J’ai adoré la promenade, j’ai fait des câlins aux arbres, j’en ai pleuré tellement ça m’a fait du bien ! J’ai aussi beaucoup dansé lors de la soirée. Mes trois filles sont venues, ça les a fait sortir de la routine car on part très peu en vacances. L’association Nénuphar m’a beaucoup aidée : j’ai subi des violences conjugales mais c’est du passé, comme si je les avais enterrées. J’ai appris le français et passé mon permis, je fais du théâtre et, cette année, j’ai même participé au tournage d’une série qui sera diffusée sur France 2 au printemps : L’Affaire Laura Stern. J’ai repris goût à la vie !