© Studio Cui Cui 

Propreté

Une journée avec les agents du pôle Propreté urbaine

Ils nettoient les trottoirs et les chaussées, désherbent, ramassent les feuilles mortes et les déchets. Quelle que soit la météo, les agents municipaux du pôle Propreté urbaine sillonnent Pantin. Leur métier, pas toujours reconnu, est pourtant indispensable. Christophe Dutheil, journaliste au sein de la rédaction, les a suivis toute une journée.
Article publié dans Canal n°316, mai 2023.

Publié le

5 h 40
Il fait encore nuit. J’arrive aux abords du Centre technique municipal (CTM), situé rue Cartier-Bresson. Stéphane, l’un des quatre encadrants du pôle Propreté urbaine de la ville, m’accueille et me présente les agents qui œuvreront jusqu’à 13.30. Ses yeux balayant les tableaux en liège qui l’entourent, il organise le travail des équipes du matin. Stéphane planifie aussi les interventions exceptionnelles, par exemple après un incendie ou un incident sur la chaussée, et veille à consigner toutes les tâches effectuées. « J’attends des agents qu’ils soient rigoureux dans leurs remontées d’informations car nous devons rendre des comptes sur les difficultés rencontrées et nos actions en cours, passées ou à venir. » Ces comptes-rendus sont essentiels. Ils permettent, par exemple, de faire intervenir en renfort des prestataires soit sur des tâches spécifiques, à l’image du ramassage des déjections canines, du dégraffitage ou du retrait des affiches sauvages, soit en horaires décalés.

5 h 50
Les choses sérieuses commencent. Vêtus de leur combinaison orange, les agents convergent vers la salle où sont données les consignes pour la matinée. Stéphane commence par annoncer le programme pour le nettoyage mécanisé. Ce «  train de lavage  », comme on dit dans le jargon maison, utilise plusieurs types d’engins, notamment quatre laveuses, cinq aspiratrices et de nombreuses souffleuses. Les quatre binômes de la matinée, qui effectueront autant d’itinéraires, sont composés d’un conducteur et d’un «  ripeur  », chargé d’asperger le sol avant le passage d’une nettoyeuse ou d’amener les déchets devant l’aspiratrice. «  Les températures sont basses aujourd’hui, explique le coordonnateur. Nous n’allons donc pas utiliser les laveuses ce matin afin d’éviter de créer du verglas et de frigorifier davantage les agents.  »

6 h 14
Je monte dans une aspiratrice thermique, de la taille d’un utilitaire, en compagnie d’Igor, 40 ans, qui travaille depuis huit ans au sein du pôle Propreté. «  On va commencer par faire les niveaux et mettre de l’eau, détaille-t-il. Nous en avons en effet besoin pour humecter le sol et y piéger la poussière générée par notre passage.  » Ensuite, direction Les Courtillières. Ce matin-là, l’agent trouve les rues plutôt propres. «  Il fait froid, les gens sortent peu  », explique-t-il. Je m’étonne quant à moi de la quantité de mouchoirs en papier, de bouteilles et de paquets de cigarettes vides repérés et aspirés par le binôme.

7 h 25
Je quitte Igor pour me rendre au dépôt des Quatre-Chemins, jouxtant l’ancien collège Jean-Lolive. D’ici, partent, tous les jours, quatre cantonniers en charge de l’entretien des rues du quartier. D’une main, Sindé tire son chariot. De l’autre, il balaie le trottoir de la rue Lapérouse, réunit les détritus, les ramasse avec sa pelle et les transvase dans le sac accroché à son chariot. «  J’aime mon métier et je me sens utile, confie ce fringant quinquagénaire qui vit aux Courtillières et adore travailler en plein air. J’ai commencé il y a vingt ans. Au départ, j’avais peur que l’on ne respecte pas notre travail. Mais les habitants sont habitués à nous et je me sens bien accueilli.  »

8 h 46
Près de la salle Jacques-Brel, je croise Philippe, Ibrahima et Diakité. Également affectés au nettoyage manuel, ils sont en route pour la pause de 9 heures. Un répit bien mérité après trois heures passées dans le froid ! Durant ces 20 minutes, Philippe, 56 ans, se confie. Soulagé d’avoir trouvé ce travail après la fermeture de l’ancienne usine Schweppes de Pantin, il se plaint néanmoins d’incivilités dans son fief de l’avenue Jean-Jaurès : «  Parfois, il suffit juste qu’on frôle les pieds d’un passant avec notre balai pour qu’il s’énerve.  » Lui qui adore marcher est donc devenu un as du slalom...

13 h 04
La réunion de l’équipe du matin s’achève au CTM où, dans la bonne humeur, Ophélie, encadrante, répartit dorénavant les tâches pour la dizaine d’agents qui opéreront jusqu’à 20 heures. 

14 h 21
Je m’apprête à suivre Stéphane, 52 ans, et Stephan, 18 ans. Les deux hommes ont pour mission de nettoyer le sol aux alentours des Grands Moulins. Leur laveuse électrique fait une première halte afin de remplir la cuve de 800 litres de l’engin. La feuille de route de ces agents prévoit ensuite qu’ils se rendent devant la gare. Là, ils commencent à asperger le sol d’eau avant que la machine ne passe la brosse. À l’instar des autres équipements du service, leur laveuse est de petite taille : «  Ça permet de circuler partout, même sur les pistes cyclables, de plus en plus nombreuses à Pantin.  » 

16 h 26
En prévision de la fin de service, les coéquipiers notent, sur un bordereau, les tâches effectuées et détaillent les avaries techniques pour en informer la direction et les prochains utilisateurs de la machine. «  Les crevaisons sont fréquentes, glisse Ophélie. Dans ce cas, les agents préviennent immédiatement l’encadrant et envoient le véhicule au garage municipal qui se charge de le réparer pour qu’il puisse rouler dès le lendemain.  »

18 h 12
De passage rue Marcelle, dans le Haut-Pantin, Ophélie invite le jeune Wesley à remettre sa veste colorée malgré le soleil. «  C’est une question de sécurité  », indique-t-elle. L’aspiratrice de l’agent reprend sa route. Elle se dirigera ensuite vers le CTM où elle déposera les déchets collectés, lesquels sont expédiés une fois par semaine vers la déchetterie de Romainville. Elle profitera enfin d’un check-up avant de reprendre du service le lendemain.

Et si vous vous glissiez dans la peau d’un agent municipal de la propreté urbaine ? C’est ce que propose la ville jusqu’au 5 juin. L’occasion de découvrir l’envers du décor deux heures durant. Pour s’inscrire, il suffit de remplir un formulaire d’inscription en ligne.

Pour signaler un problème concernant :

  • La propreté des rues et des trottoirs : contacter gratuitement la ville de Pantin par téléphone au 0 8000 93 500.
  • La collecte des déchets : contacter Est Ensemble par téléphone au 0 805 055 055 ou par mail à renseignements-dechets@est-ensemble.fr.

Agents superstars
Vous avez sans doute remarqué les photographies en noir et blanc, à l’esthétisme léché, qui ornent les grilles de l’hôtel de ville, égayent les rues de la commune et illustrent ce reportage. Représentant les agents du pôle Propreté, elles ont été réalisées à Pantin par le studio Cuicui, lequel utilise un procédé, le collodion humide, maîtrisé de nos jours par quelques rares photographes. « Ces salariés ont souvent l’impression d’être la dernière roue du carrosse. Il est temps de leur donner la reconnaissance qu’ils méritent!, explique Mirjam Rudin, adjointe au maire déléguée à la Nature en ville, aux Déplacements, aux Espaces publics et aux Espaces verts. C’est ce que nous avons voulu faire avec cette série de photographies qui prend le contre-pied du manque de considération.  » Le texte des affiches accompagnant l’exposition est, quant à lui, sans équivoque : « Vous les trouvez beaux ? Nous aussi !  » L’appel lancé à la population l’est tout autant : « Respecter le travail des agents de propreté, c’est essentiel.  »