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Santé et Prévention

À l’épreuve de la Covid-19

De nombreux spécialistes l’affirment : il y aura un avant et un après Covid-19 dans le monde de la santé. Pour le meilleur et pour le pire. Car, d’un côté, la violence de la crise sanitaire a été révélatrice d’inégalités persistantes dans l’accès aux soins. Mais, de l’autre, elle a eu le mérite, de renforcer une communauté locale de professionnels de santé unis par une même volonté de soigner.

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Extrait du dossier " À l'épreuve de la Covid-19 " réalisé par Christophe Dutheil et Guillaume Gesret, publié dans Canal n°291, novembre 2020.

Après une première vague printanière dévastatrice, les professionnels de santé pantinois sont aujourd’hui inquiets. Dans leurs cabinets, ils voient en effet se multiplier les cas de Covid-19 et craignent d’avoir à affronter une nouvelle déferlante de patients en détresse respiratoire, engendrant une saturation des lits de réanimation dans les hôpitaux voisins. D’après les derniers chiffres de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, le taux d’incidence* régional est passé de 156 cas pour 100 000 Franciliens début octobre, à plus de 200 cas pour 100 000 habitants dix jours plus tard. Dans un entretien récemment accordé à la chaîne d’information LCI, le professeur Frédéric Adnet, chef des urgences de l’hôpital Avicenne (Bobigny), soulignait : «  Mon service fonctionne à 150 % de ses capacités initiales. Le nombre de patients en réanimation double tous les quinze jours. Un pic d’admissions, difficile à absorber, pourrait être atteint dès le 27 octobre…  »

«  La Seine-Saint-Denis connaît depuis des mois un taux de positivité nettement supérieur à la moyenne francilienne  », relève Jean Malibert, directeur de la Santé de la ville. Le docteur Didier Duhot, médecin-directeur des trois centres municipaux de santé (CMS), n’est guère plus optimiste : «  Nous constatons une très forte hausse des patients testés positifs ou montrant des signes de Covid. Si, comparé à mars et à avril, nous recensons assez peu de cas graves, ma crainte est de les voir se multiplier en novembre.  »

La médecine de proximité s’organise
Pour faire face, les professionnels de santé ne ménagent pas leur peine. C’est le cas de Velyane Padoly, infirmière de la Maison de santé pantinoise qui réunit, depuis 2019, des praticiens libéraux. «  En ce moment, je réalise énormément de tests PCR chez des personnes qui ne peuvent pas se déplacer  », détaille-t-elle. Du côté des CMS Cornet, Sainte-Marguerite et Ténine, on réfléchit à un système de double parcours, permettant aux personnes présentant des signes de Covid et aux autres de ne pas se croiser. La ville envisage, en outre, d’ouvrir à nouveau des plages de consultation en fin d’après-midi afin de pouvoir recevoir les patients en toute sécurité. Tout est ainsi organisé pour ne pas revivre la situation de mars et avril, lorsque les Français avaient tendance à retarder leurs visites chez le médecin ou aux urgences. «  Il y a eu de ce fait une perte de chances de survie pour un certain nombre d’entre eux, victimes par exemple d’accidents cardiaques, regrette Didier Duhot. Actuellement, certains patients nous informent que les opérations chirurgicales dont ils devaient bénéficier ont été décalées. Et la situation semble se détériorer chaque semaine.  »
Plus que jamais, il faut donc plutôt prévenir que guérir. Ainsi, les CMS et le pôle Prévention, Santé et Handicap de la ville renforcent leurs actions en direction des plus fragiles, poursuivent leurs efforts pour augmenter la couverture vaccinale sur le territoire et favorisent, grâce à un système de bourse aux locaux, l’installation de nouvelles maisons de santé pluriprofessionnelles, comme celle qui ouvrira ses portes rue du Débarcadère à la fin de l’année.

L’effet réseau joue à plein
Mais Pantin dispose d’un autre outil pour lutter contre la Covid-19 : la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), créée en 2019. «  Elle est aujourd’hui pleinement mobilisée. Quotidiennement, elle aide les professionnels de santé et du médico-social, qui tendaient jusqu’ici à exercer leur métier de façon très solitaire, à se rapprocher  », expose le docteur Yohan Saynac, son président. Il faut dire que cette communauté s’est d’emblée fixé pour objectif de «  sortir de l’exercice non coordonné afin de créer une structure collective capable d’agir de façon concertée, aussi bien pour la médecine, les soins paramédicaux et la prévention.  »
La ville, qui encourage les partenariats au travers de son nouveau Contrat local de santé, adopté en novembre 2019, ne se pose pas en cheffe d’orchestre mais en facilitatrice. À la demande de la CPTS, «  elle vient ainsi de trouver un local de 180 m2 et un partenaire pour ouvrir, en face du CMS Cornet, un nouveau centre de dépistage uniquement dédié à la Covid, indique Jean Malibert. Il s’agit de réduire les délais d’obtention des résultats. C’est un impératif au vu de la situation actuelle.  » À peine ouvert, ce centre, où l’on pratique des tests PCR, a pu soulager les autres laboratoires du territoire.

*Nombre de nouveaux cas dans une population donnée et sur une période précise.

OÙ SE FAIRE DEPISTER A PANTIN ?
> Centre de dépistage spécial Covid
Du lundi au samedi, de 9.00 à 12.00 : pour les personnes présentant des symptômes, cas contact ou munies d’une ordonnance.
Du lundi au samedi, de 14.00 à 17.00 : pour toutes les autres personnes.
Espace Cocteau, 10-12, rue Eugène-et-Marie-Louise-Cornet (au fond de la cour, à droite). Tel : 01 48 44 13 91.
> CMS Cornet
Du lundi au vendredi, à partir de 17.00, sur rendez-vous.
12, rue Eugène-et-Marie-Louise-Cornet. Tel : 01 49 15 45 05.
> CMS Sainte-Marguerite
Du lundi au vendredi, à partir de 17.00, sur rendez-vous.
28, rue Sainte-Marguerite. Tel : 01 49 15 45 09.
> CMS Ténine
Du lundi au vendredi, à partir de 17.00, sur rendez-vous.
2, avenue Aimé-Césaire. Tel : 01 49 15 37 40.

Les tests PCR sont pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale et ne nécessitent pas d’ordonnance.

3 questions à...

Philippe Lebeau, conseiller municipal délégué à la Santé et au Handicap.

Comment se porte le secteur de la santé à Pantin dans ce contexte difficile ?
Philippe Lebeau : Avec cette crise sanitaire qui dure, la situation est très délicate mais la ville s’est organisée pour relever le défi. Nous avons la chance d’avoir trois grands centres municipaux de santé (CMS) qui répondent à la demande d’accès aux soins de tous les Pantinois, quels que soient leurs revenus. Malgré tout, nous sommes, nous aussi, confrontés à un déficit de médecins généralistes et de spécialistes libéraux ou salariés. Cela s’explique par le départ à la retraite d’un certain nombre d’entre eux. En ce qui concerne les généralistes, la politique d’aide à l’installation, le travail en réseau et l’arrivée d’internes dans les CMS a permis l’implantation d’une nouvelle génération de praticiens. Pour les libéraux, il nous reste encore à en attirer une dizaine. Nous poursuivons donc le travail.

Quelles sont vos principales priorités pour les mois et les années à venir ?
P.L. : La prise en charge des patients souffrant de la Covid-19 est, pour l’instant, un énorme enjeu. Nous avons d’ailleurs soutenu l’installation d’un centre de dépistage. Mais nous ne devons pas oublier d’avancer en parallèle sur de nombreux autres sujets. Nous souhaitons, en premier lieu, donner de la visibilité à notre offre de santé publique, en organisant notamment des actions de prévention en direction des publics les plus fragiles. Nous avons aussi pour objectif de faciliter l’accès de nos concitoyens sans couverture sociale à des soins complets et de qualité. Pour cela, nous allons créer, dans les CMS, des permanences destinées à les aider à recouvrer leurs droits.

Pourquoi mettez-vous aujourd’hui l’accent sur la coordination des soins ?
P.L. : Les réseaux de professionnels sont performants et nous aident à mobiliser, de manière efficace et réactive, toutes nos ressources sanitaires. En ce moment, la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), très active à Pantin, fait par exemple la preuve de son utilité, en réunissant des professionnels de santé et du secteur social, publics et libéraux, ainsi que des associations.
Au cours du mandat, nous espérons enfin créer les conditions propices au développement d’un réseau local de coordination de professionnels de la santé mentale qui fait cruellement défaut dans notre ville.