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Mobilités durables

Pantin s'engage pour diminuer la pollution routière

Chaque année, de nombreux décès prématurés sont imputables à la pollution routière. Diminuer la circulation automobile et repenser nos déplacements est donc une nécessité. Petit tour d’horizon des initiatives pantinoises.
Extrait du dossier " De l'urgence de changer d'air " réalisé par Christophe Dutheil, Frédéric Fuzier et Guillaume Gesret, publié dans Canal n°296, mai 2021.

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Mardi 1er juin, les voitures, deux-roues et poids lourds classés Crit’air 4, c’est-à-dire immatriculés entre 2001 et 2005, ne pourront plus circuler, entre 8.00 et 20.00, à l’intérieur d’un périmètre défini par l’A86. Dès 2018, Pantin avait soutenu la création, par la Métropole du Grand Paris, de cette Zone à faibles émissions (ZFE), laquelle a déjà permis l’interdiction du trafic des véhicules immatriculés entre 1997 et 2000 (Crit’air 5). Le but de ce dispositif qui s’étale jusqu’à 2030, année où les moteurs thermiques seront définitivement bannis de 79 communes de la petite couronne ? Inciter à remplacer progressivement les véhicules les plus polluants au profit de modèles propres afin d’améliorer la qualité de l’air.

Une question de santé publique
D’un point de vue sanitaire, il est impératif d’agir. «  Le trafic routier est, avec le chauffage urbain et l’agriculture, l’une des principales sources de pollution atmosphérique, indique Antoine Trouche, ingénieur pour le compte d’Airparif, l’observatoire de la qualité de l’air en Île-de-France. Les villes denses, comme Paris et les communes limitrophes, sont les plus exposées aux émissions d’oxyde d’azote et de particules fines. Cela s’explique par les nombreux déplacements pendulaires dont elles sont le théâtre et par la proximité d’importantes infrastructures routières.  » Entre autres conséquences, l’agence Santé publique France estime que la pollution due à la circulation automobile entraîne, à Paris et dans les communes limitrophes, 6 600 décès prématurés par an. Elle accroît aussi considérablement le risque de développer des maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Airparif en est ainsi persuadé : la mise en place, à l’été 2019, de la première phase de la ZFE permet déjà de mieux respirer. «  On constate que les concentrations de polluants liées au trafic routier baissent d’année en année, même si elles restent encore supérieures aux normes réglementaires  », détaille Antoine Trouche, avant de poursuivre : «  La seconde phase de ce dispositif pourrait se traduire par une baisse de 8 % des émissions d’oxyde d’azote dans les villes concernées et par une accélération du renouvellement du parc automobile.  » Pas toujours évident pour les personnes les plus modestes…

Des aides pour rouler propre
C’est pourquoi, Bertrand Kern, le maire, l’a toujours affirmé : «  Si nous soutenons la mise en place de la ZFE, je suis convaincu que nous devons tout faire pour que les foyers les moins favorisés ne soient pas laissés sur le bord de la route, sans solutions alternatives ou sans possibilité de remplacer leurs véhicules.  »
La ville a ainsi mis en place, dès juillet 2019, une aide forfaitaire de 200 euros pour l’acquisition d’un vélo à assistance électrique (VAE) neuf. Depuis octobre 2020, une subvention de 100 euros, destinée à se procurer une bicyclette mécanique neuve ou d’occasion, est en outre accordée. Des coups de pouce qui connaissent un engouement qui ne se dément pas : à la mi-avril, 565 Pantinois en avaient  bénéficié.

Se passer de la voiture
Du côté des infrastructures, un réseau de pistes cyclables est en train de voir le jour. Appelées à mailler l’ensemble du territoire, ces nouvelles voies dédiées aux cyclistes complètent une desserte en transport en commun exceptionnelle pour une ville de banlieue. Si, historiquement, Pantin est dotée de nombreuses lignes de bus (13 en journée et cinq la nuit) et de cinq stations de métro réparties sur deux lignes, la municipalité a su se mobiliser dans les années 2010 pour conserver sa gare RER et obtenir deux arrêts de tramway au pied des Grands Moulins.  
En 2024, le RER E sera prolongé jusqu’à La Défense et Mantes-la-Jolie, tandis qu’une ligne de bus en site propre, le TZEN3, circulera, en 2025, le long de l’avenue Jean-Lolive, entre Porte de Pantin et Les Pavillons-sous-Bois. En 2030, c’est la ligne 15 Est du Grand Paris Express qui marquera un arrêt en lisière des Courtillières.
Mais avant cela, la vitesse des voitures sera limitée à 30 km/h dans toute la ville et le plan de circulation local complètement revu. De quoi décourager le passage des camions les plus polluants, permettre aux cyclistes de pédaler en toute sécurité et aux piétons de se déplacer sereinement.

4 QUESTIONS A…

Pierric Amella, conseiller municipal délégué aux Mobilités douces, à la Qualité de l’air et au Budget carbone.

Pourquoi la ville a-t-elle fait du développement des mobilités douces une priorité ?
Pierric Amella : Tout simplement parce que Pantin, comme toutes les communes voisines, est en butte à une pollution importante, dangereuse pour la santé des habitants. Notre principal problème tient à la circulation automobile de transit. Il faut donc la réduire au maximum sans passer par la contrainte mais en développant les modes de déplacement décarbonés, tels la marche et le vélo.

La pandémie vous a-t-elle aidé à développer ces modes de déplacement ?
P.A. : Très clairement. Dans l’urgence, la ville a réussi, avec le Conseil départemental, à créer une dizaine de kilomètres de «  coronapistes  », ces voies cyclables nées à l’issue du premier confinement. Il y a peu de temps encore, les associations concernées réclamaient un tel déploiement. La matérialisation de ces pistes a fait naître, comme souvent, de nouveaux usages et de nouvelles attentes. D’autant que, parallèlement, on a assisté à une baisse de la fréquentation des transports en commun, au profit des modes de déplacement individuels.

Comment entendez-vous améliorer le réseau de pistes cyclables existant ?
P.A. : L’autre avantage du déploiement rapide, l’an dernier, de ce réseau est qu’il est aujourd’hui assez facile de l’améliorer ou d’en résoudre les dysfonctionnements. Ces infrastructures sont en effet légères et les interventions rapides. C’est d’ailleurs ce que nous avons commencé à faire sur l’avenue Jean-Lolive où les pistes cyclables étaient souvent utilisées par les automobilistes qui s’y garaient en double file. Nous avons donc décidé, là encore avec le Conseil départemental et en complément d’importantes campagnes de verbalisation, d’inverser les couloirs dévolus au stationnement et ceux réservés aux vélos. Et cela a déjà donné des résultats : aujourd’hui, ceux qui circulent à bicyclette sur l’ex RN3 sont mieux protégés.

Et quid du développement à Pantin des trottinettes électriques en auto-partage ?
P.A. : Bien qu’attentifs à ce sujet, nous n’y sommes, a priori, pas favorables. Nous souhaitons toutefois rencontrer les opérateurs de free-floating, ces loueurs de vélos et trottinettes en libre-service qui n’utilisent pas de bornes. Mais, comme nous le montre l’exemple de Paris, la mise à disposition de ces engins ne doit pas se faire au détriment de la qualité du cadre de vie et encore moins générer des incivilités. On manque également d’informations sur les bénéfices environnementaux et sociaux à attendre de ce type de solutions, compte tenu de la faible durée de vie des équipements, de l’usage de batteries lithium-ion difficiles à recycler et du modèle économique précaire pour les travailleurs de ces sociétés. Rappelons qu’avec 20 stations Vélib’, Pantin est l’une des villes de première couronne les mieux équipées en la matière. Ce service public permet de se déplacer à un coût très largement inférieur aux solutions de free floating.

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