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Solidarité

Répondre à l’urgence et soutenir les populations fragilisées

Pour soutenir tout un pan de la population fragilisée par les crises successives et l’inflation, le Centre communal d’action sociale, financé par la ville de Pantin, a fortement accru son aide. Sur le terrain, la commune, des associations et des citoyens se mobilisent également.
Extrait du dossier réalisé par Catherine Portaluppi et Guillaume Théchi, publié dans Canal n°325, avril 2024.

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Depuis 2020, les difficultés s’accumulent : à la crise du Covid a succédé la guerre en Ukraine avec, pour conséquence directe, une inflation  galopante des prix de l’alimentation (+ 18 % depuis 2022) et de l’énergie (+ 40 % pour l’électricité depuis un an, + 15 % pour le gaz). Une situation qui «  a jeté dans la précarité des milliers de Français  », explique Luc Carnouvas, président de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas) dont le congrès annuel, fin mars, avait pour thème Les maires et leur CCAS face aux crises. «  Aujourd’hui, ces établissements voient arriver de nouveaux publics : des ménages en emploi dont la rémunération ne permet pas de vivre dignement, des personnes âgées, au-delà même des petites retraites, et des jeunes, les plus fragiles et les plus exposés à la pauvreté. Dans ce contexte, le bloc commune-CCAS est bien placé pour répondre immédiatement aux problématiques. Il a en effet une connaissance très fine du terrain et des populations.  »

Répondre aux urgences

Évidemment, Pantin ne fait pas exception : 28 % de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté*, soit deux fois plus que la moyenne nationale. Parmi eux, beaucoup de salariés qui n’arrivent plus à faire face, mais aussi des familles monoparentales, des jeunes ou encore des personnes âgées. Pour leur venir en aide, le budget du CCAS a augmenté de 50 % depuis 2020. Cet établissement public, au conseil d’administration présidé par le maire et composé d’élus et d’associations, est d’abord en charge de l’accès aux droits. Ses agents vérifient ainsi en premier lieu que les personnes qui le sollicitent bénéficient bien des aides légales – RSA, prime de précarité, chèque énergie… – auxquelles elles peuvent prétendre. Si ce n’est pas le cas, le pôle Service social les épaule pour les obtenir.
Parallèlement, le CCAS attribue de plus en plus d’aides facultatives : 730 en 2023. D’un montant maximal de 250 euros, il s’agit d’un coup de pouce financier ponctuel accordé après l’évaluation de la situation de la famille concernée et le passage devant une commission. «  Nous soutenons de plus en plus de personnes qui sont au centime près et n’arrivent plus à payer leurs charges locatives ou leur assurance habitation. Pour faire face aux urgences, ces aides sont désormais ouvertes aux personnes résidant dans la commune depuis six mois  », précise Agnès Vallet-Sandre, responsable du pôle Aides et animations du CCAS.

Coups de pouce tous azimuts

Mais la liste des aides proposées aux plus fragiles ne s’arrête pas là. Depuis septembre, le CCAS a remboursé l’abonnement au Pass Imagine’R de 48 enfants âgés de 4 à 11 ans vivant dans des familles en difficulté. Chaque semaine, il finance 60 repas aux sans-abris, distribués par des associations partenaires, lesquelles lui ont adressé 68 femmes en situation de précarité afin qu’elles reçoivent un kit de culottes menstruelles. Il abonde également le Fonds de solidarité énergie permettant de régler une partie des factures d’électricité. Le CCAS pilote enfin le projet de centre d’hébergement pensé pour qu’aucune famille d’enfant scolarisé à Pantin ne dorme dans la rue.
Dernière mission, et non des moindres : les animations destinées aux seniors et le maintien à domicile des personnes âgées ou handicapées. Chaque jour, 30 Pantinois reçoivent des soins infirmiers et 160 sont accompagnés par des auxiliaires de vie sociale pour un appui à la toilette ou l’entretien de leur logement. 53 personnes bénéficient en outre du portage des repas à domicile et plus de 60 seniors déjeunent trois fois par semaine à l’espace Cocteau où ils ne paient que 20 à 60 % du prix de leur repas.

4 324 personnes accompagnées

De son côté, le pôle Service social accompagne 4 324 personnes, dont, là encore, «  de plus en plus d’individus isolés, femmes seules ou familles monoparentales  », détaille Fatiha Kihel, sa responsable. «  Notre assistante sociale de garde peut intervenir en urgence en cas de rupture alimentaire ou d’hébergement, mais aussi pour tout ce qui a trait à la protection de l’enfance  », conclut-elle.

Informations pratiques :

  • CCAS : 1er étage du centre administratif (84-88, avenue du Général-Leclerc) ; ouvert tous les jours sauf le jeudi matin de 8.30 à 12.00 et de 13.30 à 17.00.  01 49 15 40 14/15 ou ccas-aideslegales@ville-pantin.fr.
  • Pôle Service social : 1er étage du centre administratif ; ouvert du lundi au vendredi de 8.30 à 12.30 et de 13.30 à 17.00. 01 49 15 41 56.


*Évalué à 60 % du revenu médian, soit 1 100 euros par mois pour une personne seule.

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3 questions à...

Bruno Carrère, adjoint au maire chargé des Actions sociales et solidaires.

Canal : Quelle est la situation sociale à Pantin ?
Bruno Carrère : Elle est difficile. Pantin a certes beaucoup changé avec l’arrivée d’une population plus aisée, mais on oublie souvent que 28 % de sa population vit sous le seuil de pauvreté. Aujourd’hui, plus de 3 000 Pantinois sont inscrits aux distributions associatives d’aide alimentaire.
De plus, les deux années d’inflation très forte que l’on vient de connaître ont plongé dans la précarité des centaines de familles qui, auparavant, s’en sortaient tout juste. Cela nous a conduits à augmenter de 50 % le budget du Centre communal d’action sociale (CCAS) depuis 2020. La ville doit en effet être aux côtés de ceux qui en ont besoin, d’autant que l’État se désengage de son devoir de solidarité, en n’augmentant pas le Smic, les minima sociaux et les retraites au même rythme que l’inflation des produits de première nécessité et en maintenant le RSA en dessous du seuil de pauvreté.

Concrètement, comment le CCAS s’adapte-t-il face à cette précarité croissante ?
B.C. : Pour soutenir ces Pantinois, le CCAS a augmenté le plafond de ses aides financières à 250 euros. Ces dernières peuvent être versées plusieurs fois dans l’année après une évaluation sociale et répondent aux principales sources de dépenses, en contribuant, par exemple, au règlement des factures d’énergie, d’assurance habitation ou de cantine. Le CCAS prend aussi en charge certains abonnements de transport et lutte contre la précarité féminine en distribuant des kits de culottes menstruelles. En parallèle, les bénéficiaires sont accompagnés par un travailleur social afin qu’ils puissent faire valoir leurs droits. Rappelons que 20 % des aides légales ne sont pas versées faute d’être demandées. 

Quels sont les projets à venir en matière d’action sociale ?
B.C. : Pantin s’est engagée à ce qu’aucun enfant scolarisé dans la commune ne dorme dans la rue. Le CCAS prend ainsi en charge des nuitées à l’hôtel pour ces écoliers et leur famille, en attendant l’ouverture prochaine d’un centre d’hébergement qui leur sera destiné.
La ville a, par ailleurs, la chance d’abriter trois centres municipaux de santé qui garantissent l’accès aux soins des plus modestes. Aujourd’hui, nous devons investir le champ de la santé mentale : se faire suivre par un psychologue reste compliqué car ce n’est pas remboursé et la santé est l’un des premiers postes de dépenses sacrifiés en cas de difficultés.

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