© Nath Malou 

Culture et patrimoine

Jemima & Johnny : un ciné-concert qui défie le racisme

Les musiciens François Ripoche, Stéphane Louvain et Arianna Monteverdi proposent, le 23 mars au centre culturel Nelson-Mandela de Pantin, un ciné-concert autour du chef-d’œuvre cinéma­tographique du sud-africain Lionel Ngakane, Jemima and Johnny.
Article de Anne-Laure Lemancel, publié dans Canal n°324, mars 2024.

Publié le

«  Dans un film, la musique transforme l’image. Elle influe naturellement sur le sens et l’histoire. Par exemple, effrayante chez Hitchcock, elle annonce l’horreur à venir. Voici le sujet qui me passionne. D’autant que j’ai travaillé avec l’un des maîtres en la matière, l’ingénieur du son de Wong Kar-wai  », explique François Ripoche, saxophoniste de jazz et batteur pop, complice de Philippe Katerine et créateur d’une dizaine de ciné-concerts, dont le merveilleux et poétique Ballon rouge.
Aujourd’hui, lui et ses deux acolytes – Stéphane Louvain, guitariste pop indé, ex-membre de The Little Rabbits et de French Cowboy, remarqué aux côtés de Jeanne Cherhal, et Arianna Monteverdi, guitariste folk, reviennent avec un nouveau ciné-concert : Jemima and Johnny.

Un film sorti de l’oubli

Sorti en 1966, ce film de Lionel Ngakane, qui a fui l’apartheid pour se réfugier en Grande-Bretagne, raconte l’épopée complice de deux enfants – Johnny, dont le père se rend au meeting d’une organisation raciste, et Jemima, fraîchement débarquée de sa Jamaïque natale – au cœur du Londres des années 60, soumis à de violentes tensions raciales.
D’abord primée aux festivals de Venise, de Rimini et de Carthage, l’œuvre est ensuite tombée dans l’oubli avant d’être exhumée par Ripoche et sa bande. «  J’ai tout de suite adoré ses images, son rythme et le jeu de ses acteurs, s’extasie le musicien, batteur sur ce ciné-concert. J’aime aussi sa façon d’aborder le racisme avec délicatesse, loin des clichés et des romances.  » Sur la musique originale, François Ripoche se révèle en revanche plus nuancé...

Conserver la saveur originale

Ainsi, pare-t-il le film de nouveaux atours sonores. «  Au fil d’improvisations collectives, on a bossé comme des malades. Puis on a enregistré, découpé, ciselé pour coller aux images. Il y a trois voix en permanence, des onomatopées, des bouts de chansons… On a aussi essayé de garder la saveur des bruitages originaux  », détaille-t-il.
Pour prolonger l’expérience des 29 minutes du film, les trois créateurs ont imaginé un prologue et un épilogue, portés par les  dessins de l’illustrateur Guillaume Carreau et les textes de Laurent Mareschal. L’occasion d’en apprendre davantage sur les premières années de Jemima et de retrouver nos héros à l’âge de 20 ans.

Informations pratiques :