Depuis le mois d’août, des bénévoles de l’antenne pantinoise des Restos du cœur récupèrent fruits, légumes, viande et poisson invendus auprès des commer-çants du marché des Quatre-Chemins. © Amélie Laurin

Solidarité

Restos du cœur : la faim justifie les moyens

Quarante ans d’engagement bénévole et pas de repos dominical pour l’équipe des Restos du cœur qui, chaque fin de semaine, récupère, au marché des Quatre-Chemins, les denrées invendues afin de les distribuer à leurs bénéficiaires, toujours plus nombreux. Reportage.

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Un article de Guillaume Théchi publié dans Canal n°341 novembre 2025

Pas facile de se frayer un chemin sur le parking d’un marché aussi grand que celui des Quatre-Chemins un dimanche à 13 h 30, moment où l’affluence est la plus forte. Mais pas le choix ! Laurent Fontaine, responsable des Restos du cœur pantinois, 62 ans, bénévole depuis des années – il ne sait plus combien de temps exactement –, remplit sa mission, mais surtout le camion de l’antenne locale de l’association fondée il y a 40 ans par Coluche. Après une vie active physiquement harassante, il attendra encore un peu avant de profiter de son canapé. Pour l’heure, il reste concentré afin de bien manœuvrer.

Pour l’épauler, Manu Flora, la quarantaine. En recherche d’emploi, il est hébergé chez un ami, mais les semaines sont compliquées : pas de travail, pas de chez soi, des galères… Pourtant, il est là, lui aussi. Arrivé dès 13 heures ce dimanche 28 septembre, il ne repartira qu’en fin d’après-midi.  Il faut maintenant récupérer fruits, légumes, viande et poisson. Et, pour cela, le coup de main de son ami Nabir Torpedo Rezki, sollicité au dernier moment, n’est pas de trop !

Coup de pouce de la ville

Persil, merguez, piments, pêches, avocats… les invendus du jour restent tout à fait consommables. « Nous sommes présents sur le marché des Quatre-Chemins depuis le mois d’août. Chaque dimanche, nous récupérons environ 700 à 800 kilos de denrées, estime Laurent Fontaine. Avant, nous improvisions un peu mais les services de la ville ont œuvré auprès des équipes du marché pour organiser les choses. »

15 heures. Après avoir fait le tour des étals en se présentant aux commerçants, l’heure est à l’attente. À deux pas, Sériguié Ballo, agent de la société Géraud en charge de l’entretien et du tri sélectif sur le marché, prévient le trio : « Je vous ai mis de côté des palettes de courgettes, de navets et de fenouil. » Pour cela, il s’est directement adressé aux commerçants venus se débarrasser de fruits et légumes biscornus. « C’est bien mieux que de les jeter !, relève Khater-Abdel Moathy, l’un d’entre eux. Cela me paraît naturel de les donner. »

Des bananes, des melons, des mangues et du poisson arrivent encore au niveau de la zone de tri. Les compères réalisent une première sélection permettant d’orienter les denrées impropres à la consommation vers les bacs de recyclage. À 15 h 45, l’équipe regagne le local de la rue François-Arago et décharge le camion jusqu’à 17 h 30…

Toute une organisation

Le lendemain matin, Laurent, Manu et quatre autres bénévoles effectueront un deuxième tri. L’après-midi, ils partiront glaner les poires d’un maraîcher d’Ézanville (Val-d’Oise). Trois heures durant, ils ramasseront 700 kilos de fruits, lesquels, comme l’ensemble des autres produits, seront distribués les mardi, jeudi et vendredi suivants.

Le reste de la semaine sera consacré à la logistique, au rangement du stock et de la chambre froide. Car Laurent l’affirme : « Je serai présent 7 jours sur 7, quels que soient le temps et l’énergie que cela implique, tant qu’il y aura des besoins. »

L’équipe des Restos du cœur recherche :

  • une personne titulaire du permis B disponible au moins un dimanche par mois, de 13.45 à 15.30, afin de conduire la camionnette.
  • deux ou trois personnes, dont une titulaire du permis B, pour effectuer du glanage de fruits et légumes dans des fermes de la région.
  • Renseignements :  ad93.pantin@restosducoeur.org ou passer directement au 33, rue François-Arago.