Tournage de la série "Engrenages" au centre d’affaires de l’Ourcq, 2018 © ville de Pantin 

Cinéma

Le cinéma à Pantin

Chaque année, une vingtaine de longs-métrages, clips et autres téléfilms sont tournés à Pantin. Mais le septième art, c’est aussi une salle publique incontournable – le Ciné 104 –, des associations qui le font vivre au quotidien et une foule de dispositifs pour les plus jeunes.
Extrait du dossier réalisé par Hana Levy et Guillaume Gesret, publié dans Canal n°318, juillet/août 2023.

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Une ville appréciée par les réalisateurs

Un grand réalisateur, habitué du Festival de Cannes, vient d’y filmer son nouveau long-métrage. En 2019 et 2020, le Centre national de la danse (CND) a accueilli les tournages de Le Bonheur des uns de Daniel Cohen avec Vincent Cassel et Florence Foresti et d’Arsène Lupin, la célèbre série dont Omar Sy est le héros. La saison 7 de la série Engrenages en 2018 a, pour sa part, eu pour toile de fond le centre d’affaires de l’Ourcq. Le duo Nakache et Toledano a également réalisé plusieurs scènes de Hors Normes à Pantin. Avenue du Général-Leclerc, l’hôtel de ville a servi de décor à la scène de mariage de Prête-moi ta main d’Éric Lartigau et à la mini-série Le Mensonge de Vincent Garenq, avec Daniel Auteuil.
Avant eux, la fine fleur des réalisateurs hexagonaux avait déjà choisi la ville, à l’image de Jeunet et Caro, Pialat ou encore Luc Besson qui y a presque entièrement tourné Nikita. Quant à la scène finale du cultissime Les Tontons flingueurs de Georges Lautner, elle a été filmée devant l’église Saint-Germain. À la fin de l’été, ce sera une superproduction américaine qui installera son plateau en ville.

Terre d’accueil du cinéma

Mais qu’est-ce qui attire autant dans la commune ? «   Pantin offre une diversité de décors intéressante, répond Benjamin Papin, premier assistant réalisateur pantinois d’Anatomie d’une chute, de Justine Triet, Palme d’or 2023. En une journée, on peut filmer le héros à la gare, puis dans son pavillon et, plus tard, le faire déambuler le long du canal. C’est très précieux !   »
La ville regorge en outre de lieux hautement cinégéniques dont le CND, l’hôtel de ville et surtout les halles Pouchard, grandiose cathédrale de brique, d’acier et de verre qui s’étale sur 11 000 m2. Sur 4 hectares, l’ancien site industriel, qui jouxte la capitale tout en restant très calme, héberge aussi des bureaux au charme très seventies. Autant d’éléments qui en font un Graal pour les réalisateurs. Les Misérables de Ladj Ly, Le Commissaire Maigret de Patrice Leconte avec Gérard Depardieu, Super héros malgré lui de et avec Philippe Lachaud, ainsi que les séries Familly Business et Le Bureau des légendes y ont notamment été tournés.
Pantin détient un dernier atout, et non des moindres : l’espace ! Une donnée indispensable au bon déroulement des tournages, lesquels peuvent réunir jusqu’à 100 personnes, mobiliser une dizaine de camions et s’étaler sur de vastes emplacements.

Une hospitalité appréciable

De son côté, la ville met tout en œuvre pour faciliter la vie des équipes qui, tout en devant s’adapter aux contraintes locales, bénéficient des autorisations nécessaires. Une hospitalité qui se conjugue avec une grille tarifaire juste : l’occupation de l’espace pour les tournages scolaires et associatifs (comme récemment pour Le Secours populaire et la Croix-Rouge qui ont tourné dans les locaux d’Artagon) n’est ainsi pas facturée et seuls les films commerciaux doivent s’acquitter d’une redevance.
Alors, plus que financières – cette activité rapporte entre 50 000 et 60 000 euros chaque année à la commune –, les retombées se mesurent surtout en termes de visibilité. «  Les films mettent en valeur la ville et lui font gagner en attractivité et en notoriété  », atteste Nicolas Leclère, réalisateur de Dans les rues de Pantin, Grand prix du festival Côté court 2015.
Cause ou effet, de nombreux techniciens et comédiens vivent ici. «   L’idéal serait que Pantin s’équipe un jour d’une cité du film dédiée à l’accueil des tournages, se prend à rêver le réalisateur pantinois Olivier Babinet qui vient d’y tourner Normale avec Benoît Poelvoorde. Car ne l’oublions pas : en France, le cinéma crée autant d’emplois que l’industrie automobile.   »

Vivre ensemble

Le septième art à Pantin c’est aussi et surtout UN cinéma public, géré par Est Ensemble : le Ciné 104. Ses événements, ainsi que ceux proposés par quelques fous de l’écran, l’Asso Ciné 104 Pantin en tête, en font un acteur fédérateur de la ville. Et, grâce à Côté court, le «  Cannes du court-métrage  », et aux séances estivales en plein air – entièrement gratuites –, l’art du vivre-ensemble promis par la toile y prend toute sa dimension.
Dès septembre, le cinéma s’invitera aux Courtillières, au sein de la médiathèque Nelson-Mandela, laquelle accueillera une foule d’activités en direction des scolaires. Car nombreux sont les établissements pantinois qui font travailler leurs élèves autour du grand écran, à l’instar des troisièmes du collège Jean-Jaurès qui ont tourné le mois dernier avec un réalisateur professionnel ou de l’école élémentaire Saint-Exupéry au sein de laquelle pas moins de trois projets cinéma ont été menés cette année.
Autant d’initiatives qui forment les cinéphiles de demain et suscitent des vocations, lesquelles pourraient, à l’horizon 2026, se concrétiser aux Quatre-Chemins sur les bancs d’une prestigieuse école audiovisuelle.

4 questions à...

Charline Nicolas, adjointe au maire déléguée aux Cultures, aux Mémoires et aux Patrimoines.

Canal : Le cinéma occupe-t-il une place particulière à Pantin ?
Charline Nicolas : Bien sûr ! Pantin est l’une des rares communes en France à avoir conservé un cinéma entièrement public. C’est un choix engageant qui permet de faire du Ciné 104, aujourd’hui géré par Est Ensemble, un acteur à part entière de la vie locale, très implanté sur le territoire, pensé comme un lieu de passage, de rencontres, de restauration et de vie. C’est le véritable fer de lance du septième art dans notre ville.

Et quelle est la politique d’accueil de la ville en matière de tournages ?
C.N. : Pantin met tout en œuvre pour faciliter l’organisation et le déroulement des tournages. En délivrant des autorisations, en louant des bâtiments municipaux ou, parfois, en déviant la circulation, la commune joue toujours le jeu. L’hôtel de ville a, par exemple, accueilli le tournage de Groland pendant des années.

Mais pourquoi être si accueillant ?
C.N. : Tout simplement parce que les tournages contribuent au rayonnement de la ville en la mettant en valeur. Ils représentent aussi un apport financier pour la commune, font vivre le tissu économique local avec, notamment, des retombées directes pour les commerçants. Ce compagnonnage crée enfin un cercle vertueux : de nombreux réalisateurs, comédiens et techniciens se sont installés à Pantin et fréquentent ses lieux culturels.

Pensez-vous que le cinéma est vecteur de vivre-ensemble et d’émancipation à Pantin ?
C.N. : Oui. Le septième art occupe de plus en plus de place à Pantin et prend ses quartiers partout dans la ville. Aux Quatre-Chemins, l’espace culturel des Sheds est dédié aux arts visuels. Côté court, le deuxième plus important festival de court-métrage hexagonal, après celui de Clermont-Ferrand, prouve, depuis plus de trente ans, que des événements ambitieux et d’envergure se déroulent dans le département. Cet été, des séances en plein air gratuites feront du cinéma une fête pour tous. Plus marquant encore, en septembre prochain, une salle de projection polyvalente sera inaugurée aux Courtillières, au sein de la médiathèque Nelson-Mandela qui deviendra aussi un cinéma de quartier affichant une programmation familiale et où seront menées des actions de proximité en direction des publics scolaires. Nous croyons en l’énergie et en la magie du cinéma pour créer du lien social, faire tomber les barrières et aider chacun à construire sa place dans la société.

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