© Céline Patient

Environnement

Les anges gardiens du canal

Ils sont métallier, scaphandrier, pilote de bateau nettoyeur, hydraulicien ou électro-technicien. Leur mission ? Veiller sur les 130 kilomètres des trois canaux parisiens – dont notamment la partie à grand gabarit du canal de l’Ourcq, de Paris aux Pavillons-sous-Bois –, leurs ouvrages d’art et la plupart de leurs berges. Plongée dans leur atelier pantinois.

Publié le

Retrouvez tous les articles du dossier « L'atout Canal », réalisé par Catherine Portaluppi et Guillaume Théchi : 

► Dans Canal n°340 (Octobre 2025)
► Dans la rubrique "Aller plus loin"

«Sous l’eau, on ne voit quasiment rien et un coup de palme suffit à faire remonter la vase. La plupart du temps, nous travaillons donc à l’aveugle, avec 35 à 40 kilos de matériel sur le corps », explique Bertrand B., scaphandrier au service des canaux de la Ville de Paris. Sa vie professionnelle, et celle de ses trois collègues, n’est en effet pas un long fleuve tranquille ! Il leur faut souvent plonger pour aller agripper un haut-fond, c’est-à-dire un objet volumineux – frigo, canapé, vélo… – signalé par un marinier ayant senti un choc sur la coque de sa péniche. L’objet en question sera soulevé par une grue installée sur un bateau.

Autre intervention fréquente : la réparation d’une porte d’écluse, bloquée par un matelas, un caddie ou un tronc d’arbre, ou dont une pièce doit être changée. Ce type d’opération peut mobiliser divers corps de métier des 17 agents de l’atelier de la Ville de Paris situé à Pantin. Il faut parfois même faire appel à une société extérieure pour soulever les portes de 15 mètres de haut, pour un poids de 20 tonnes. Ainsi, l’hiver dernier, deux mois de chantier ont été nécessaires pour réparer celles de l’écluse n°5, au niveau du Stade de France, sur le canal Saint-Denis.

Tous les étés enfin, les scaphandriers sécurisent les bassins de baignade de Paris Plage-Villette, grâce à la pose d’un barrage flottant et d’un maillage de cordes pouvant stopper un bateau dérivant.

Sur terre et dans l’eau

« La maintenance, préventive ou curative, sur les portes d’écluses et les ponts mobiles, des ouvrages souvent anciens, représente la majorité de nos interventions, précise Jérôme L., adjoint au chef de l’atelier, un vaste espace de 4 000 mètres carrés situé au bord de l’eau, à la limite de Bobigny. Tout près se trouve le point de ravitaillement en gasoil des cinq bateaux nettoyeurs parisiens, en charge des canaux mais pas seulement : les 12 agents du service dédié interviennent aussi sur les quais, sauf à Pantin qui a souhaité garder la main sur l’entretien des siens. Au programme côté terre ferme : pose de panneaux sur les chemins de halage, tonte et débroussaillage, vidage des corbeilles, ramassage et déblayage divers pour permettre la circulation des cyclistes et des piétons.

Sur l’eau, le Barbeau, bateau nettoyeur dernier cri, remonte l’Ourcq trois fois par semaine en moyenne pour collecter les déchets flottants entre ses grosses pinces. En tout, 1 000 mètres cubes de détritus sont ramassés chaque année sur les trois canaux. « Avec ce bateau, on pratique aussi le faucadage, opération consistant à couper les plantes aquatiques qui remontent en surface, afin d’éviter qu’elles ne s’enroulent autour des hélices de bateaux, entraînant des pannes. Nous conservons cependant une bande d’environ 1,50 mètre de large de chaque côté du canal pour préserver la biodiversité », précise David D., adjoint au service entretien.

Préserver la biodiversité

« Il est essentiel de sauvegarder ces herbiers aquatiques où se reproduisent, chassent et se réfugient beaucoup d’espèces vivant dans le canal : des poissons – gardons, brochets, perches, chevaines –, mais aussi des mollusques et des crustacés », confirme Xavier J., écologue à la Ville de Paris. Ainsi, les herbes coupées sont laissées 48 heures sur les berges, afin que l’eau s’égoutte et que les mollusques aient la possibilité de regagner leur habitat naturel.

Enfin, un grand ménage permet parfois de vider et de débarrasser de leurs boues les canaux Saint-Denis et Saint-Martin. Le canal de l’Ourcq, quant à lui, est régulièrement entretenu grâce à une « grue négative », capable de plonger au fond de l’eau pour ramasser la vase et la charger sur une benne. De gros travaux indispensables pour que perdure la navigation des 1 500 bateaux empruntant chaque année ces trois cours d’eau.

Pour signaler un problème sur le canal de l’Ourcq

► Utiliser l’application Dans ma rue, envoyer un mail à canauxusagers@paris.fr ou téléphoner au  3975