© ville de Pantin 

Sport et loisirs

Bopha KONG

«  Le sport m’a permis de respecter des valeurs, de surpasser mon handicap et d’engranger de la confiance en moi.  »

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En septembre, Bopha Kong, quadruple champion du  monde et triple champion d’Europe de para-taekwondo, défendra les couleurs  de la France à l’occasion des Jeux paralympiques de Tokyo. Pour être fin prêt, il s’entraîne tous les jours à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Inse p). Et, quand il revient à Pantin, il participe activement au développement du mouvement sportif local.
Portrait de Guillaume Gesret, publié dans Canal n°296, mai 2021.


«  C’est la première fois que le para-taekwondo figure au programme des Jeux paralympiques. C’est donc le seul titre qui manque à mon palmarès  », sourit Bopha Kong. Quadruple champion du monde, triple champion d’Europe, victorieux de l’Open de Las Vegas : à 40 ans, l’athlète a déjà tout gagné dans la catégorie des moins de 61 kilos. Pour «  rester au top et être prêt en septembre  », il s’entraîne quasiment tous les jours à l’Insep, un établissement public implanté au cœur du bois de Vincennes dont la vocation est d’offrir une préparation de pointe aux sportifs de haut niveau. «  Les organisateurs des JO ont décidé de rassembler dans une même catégorie tous les compétiteurs de para-taekwondo, peu importe leur handicap. Je vais donc être face à des adversaires qui ne sont pas habituellement dans ma classification. Du coup, ça va être plus dur, mais j’y vais pour gagner !  »

S’adapter, pas s’apitoyer  
Bopha Kong a perdu ses deux mains dans un accident à l’âge de 18 ans. À l’époque, le jeune homme d’origine vietnamienne qui vit à Gonesse, passe six mois dans un centre de rééducation et refuse de porter des prothèses. «  Je me suis adapté sans jamais m’apitoyer sur mon sort. J’ai réussi à manger, à conduire, à me débrouiller pour avoir une vie normale.  » Et surtout, lui qui pratiquait jusqu’alors la boxe anglaise, se remet très vite à un sport de combat. C’est son coach sportif qui l’oriente vers le taekwondo, un art martial coréen dans lequel il peut faire valoir sa vélocité, sa puissance et sa souplesse de jambes. «  Comme j’ai un caractère de compétiteur, je voulais être le plus fort. Je me suis donc entraîné comme un fou.  »

En 2009, il remporte son premier titre de champion du monde mais le handisport ne lui permet pas de gagner sa vie. Il a alors 30 ans et décide de mettre le taekwondo de côté pour se lancer dans la location de véhicules. Au bout de trois ans, l’expérience professionnelle tourne court. Bopha Kong rebondit une nouvelle fois en retournant sur les tatamis. Il devient salarié du club CKF de Bondy où il enseigne son sport et décroche un nouveau titre de champion du monde. «  Entre 2009 et 2015, le para-taekwondo s’était bien développé, commente Bopha. Les compétiteurs étaient plus nombreux et plus redoutables.  »

Ambassadeur du possible
En 2017, il s’installe avec sa compagne dans le quartier des Quatre-Chemins. «  Ici, on a tout à disposition, se réjouit-il. Je verrais bien ma fille de 2 ans grandir dans un appartement près du canal…  » Dernièrement, le jeune papa a accepté la proposition de la ville de siéger au sein du jury qui, dans quelques semaines, statuera sur le projet architectural de la future halle sportive du stade Charles-Auray. Son ancrage local s’est également traduit par la création du Taekwondo Warriors Pantin club. «  Depuis septembre dernier, nous disposons d’un créneau hebdomadaire au gymnase Henri-Wallon. Hélas, du fait de la Covid, nous sommes un peu en stand-by… Mais, la saison prochaine, les JO seront passés et je pourrai me consacrer à 100 % au développement du club.  »

Dans le cadre de son nouvel emploi, Bopha Kong anime également des séances de sport santé en direction des salariés du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis. Le champion se voit ainsi comme un ambassadeur dont la vocation est de marteler un unique message : «  Rien n’est impossible. Il suffit de trouver sa voie et d’y aller à fond. J’aimerais le dire aux jeunes qui traînent dehors. Si mes performances sportives peuvent servir d’exemple, tant mieux…  »  Et le quadragénaire, qui concède avoir «  fait des conneries  » dans sa jeunesse, d’affirmer haut et fort en guise de conclusion : «  Le sport m’a permis de respecter des valeurs, de surpasser mon handicap et d’engranger de la confiance en moi. Quant au haut niveau, il m’a donné un statut social.  »

Taekwondo Warriors Pantin club

  • 15, rue Honoré
  • 06 77 13 59 24