© Gérard Harten 

Culture et patrimoine

H. Craig HANNA

«  Pantin me rappelle Williamsburg dans les années 90 : un quartier de Brooklyn, à l’époque déshérité, mais aujourd’hui ultra-branché. Il y a ici la même énergie, les mêmes endroits alternatifs et artistes qui s’y installent.  »

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Inspiré par les maîtres anciens comme Rembrandt, Vélasquez ou Ingres, le peintre H. Craig Hanna donne vie, sur du plexiglas, à des portraits aux couleurs affranchies et à des paysages monumentaux. Salué de Londres à Hong Kong en passant par Los Angeles, cet artiste new-yorkais a choisi de poser ses pinceaux à Pantin, dans un atelier hors du temps.
Portrait de Hana Levy, publié dans Canal n°300, octobre 2021.

Campé devant un paysage boisé où une femme à la robe longue et à la mèche folle s’absorbe dans une pensée bleu nuit, H. Craig Hanna donne un dernier coup de pinceau à son œuvre. Pas sur une toile, mais sur un immense plexiglas dont les reflets sont domestiqués par des aplats de couleur. Depuis cinq ans, cet homme à la stature imposante et au physique d’égérie de mode, peint dans un loft aux belles proportions. «  Je cherchais un endroit majestueux d’où je puisse surplomber mes œuvres  », explique-t-il. Direction Pantin donc, dont la réputation de «  new Brooklyn » n’est pas usurpée selon lui. «  La ville me rappelle Williamsburg dans les années 90 : un quartier de Brooklyn, à l’époque déshérité, mais aujourd’hui ultra-branché. Il y a ici la même énergie, les mêmes endroits alternatifs et artistes qui s’y installent.  »

S’émanciper du classique
Né dans l’Ohio en 1967, H. Craig Hanna fait ses armes, entre autres, à la School of Visual Arts de New York où il affirme son goût pour la peinture à l’huile et le style figuratif. En 1998, il expose déjà à Londres, New York et Malte où il vit d’ailleurs quelque temps. En 2006, il fait, à Paris, la rencontre de la galeriste Laurence Esnol. Le coup de foudre artistique est immédiat, et, deux ans plus tard, cette dernière crée un espace rien que pour lui. Et le voilà auréolé d’une reconnaissance hexagonale qui le pousse à poser ses valises en France.
Il est vrai que ses portraits, singuliers, aimantent l’œil : hommes et femmes aux silhouettes lourdes, visages asymétriques et vulnérables. Le peintre se joue de la chromie pour souligner, avec tendresse, les failles de ses personnages.  Mais, désespéré de ne jamais égaler les grands maîtres qu’il vénère, mécontent du classicisme de ses productions, il invente un procédé bien à lui qui achève de bâtir sa renommée.

Plexiglas et profondeur !
«  En cherchant à donner plus de modernité et de profondeur à mes œuvres, j’ai peint directement sur du plexiglas. En variant les fonds, les possibilités sont infinies  », dévoile l’artiste qui utilise des encres de couleur, lesquelles exagèrent le chaud et le froid. Cette technique qui fait sa signature, H. Craig Hanna l’utilise pour ses portraits comme dans ses paysages. «  Que cela soit sur les bords de Seine, à Fontainebleau, en Normandie ou dans le bois de Romainville, je ne me sépare jamais de mes grands carnets où s’ébauchent mes futurs tableaux. Je réalise jusqu’à 20 croquis avant de me lancer. Le plexiglas ne pardonne pas, aucune retouche n’est possible !  »
Dans ses œuvres, pas de message, «  juste l’émotion qu’elles suscitent ». L’œil en alerte, H. Craig Hanna voit le beau partout. «  Il me saisit au quotidien. Même sur un terre-plein d’autoroute, je m’arrête pour dessiner des coquelicots.  »