
Culture et patrimoine
Je crée et je vous dis pourquoi : la création au féminin
Publié le
Un article d'Anne-Laure Lemancel publié dans Canal n°335 avril 2025
Rencontre avec Aurélie Van Den Daele, metteuse en scène et directrice du théâtre de l’Union de Limoges
Canal : Comment est née cette pièce ? Aurélie Van Den Daele : Tout est parti d’une discussion avec le festival des Francophonies, à Limoges, qui ne parvenait pas à construire une programmation paritaire. Nous avons ainsi voulu retourner cette impossibilité en commandant des textes sur la création à 11 autrices francophones afin de dresser une cartographie sensible du désir créateur au féminin.
Aurélie Van Den Daele : Tout est parti d’une discussion avec le festival des Francophonies, à Limoges, qui ne parvenait pas à construire une programmation paritaire. Nous avons ainsi voulu retourner cette impossibilité en commandant des textes sur la création à 11 autrices francophones afin de dresser une cartographie sensible du désir créateur au féminin.
Évidemment, cela fait écho à Une Chambre à soi, texte fondateur de Virginia Woolf selon lequel, pour créer, une femme a besoin d’un espace personnel et d’une indépendance financière.

Qu’est-ce qui vous a surprise à la réception des textes ?
A.V.D.D. : Il y avait, bien sûr, des différences politiques selon que ces autrices venaient de France, d’Haïti ou du Liban. Mais, au-delà de ces disparités, leurs mots se voient traversés par d’infinis points communs. Il y est, en définitive, moins question de processus créatifs que de parcours d’existence.
Au final, les obstacles que rencontrent ces femmes ne se situent pas tant dans le geste d’écriture que dans sa visibilité. Leurs créations ne sont pas rendues publiques. Se posent alors des questions de légitimité. Tous les textes portent en eux des empêchements, mais aussi de puissantes pulsions de vie.
Pourquoi utiliser la déambulation casquée ?
A.V.D.D. : Livrer ces textes en frontal aurait été adapté pour des revendications féministes. Mais, ce qui se joue ici, c’est plutôt la question de l’invisibilisation. J’avais donc envie de rendre cette parole entendable, de redonner à ces monologues leur intimité et leur profondeur. Je voulais aussi exploiter le théâtre comme une poupée gigogne, avec ses espaces de création et ses refuges, scénographiés pour l’occasion.
Comment avez-vous adapté ce spectacle au centre culturel Nelson-Mandela ?
A.V.D.D. : Je me suis imprégnée de son atmosphère et de son architecture. Ce qui m’intéresse ici, ce sont ses espaces partagés, ses multiples niveaux, sa terrasse, mais aussi son environnement. Toute cette géographie qui influence les actes créatifs, la parole et la place des femmes, en somme.
Infos pratiques
- Jeudi 10 avril, 20.00, centre culturel Nelson-Mandela (11, avenue Aimé-Césaire)
- Plus d'infos sur sortir.pantin.fr