
Culture et patrimoine
L’École idéale, une exposition qui casse les codes
Publié le
Un article d'Anne-Laure Lemancel publié dans Canal n°338 juillet-août 2025
Qui a eu cette idée folle… un jour d’inventer l’école ? Si la paternité du concept attribuée à Charlemagne paraît historiquement contestable, un fait demeure certain : l’institution baigne dans son jus depuis Jules Ferry. Cette conclusion, c’est Wandrille Marchais, architecte et co-fondateur de l’Atelier Senzu, qui la tire, après une expérimentation sur les cours de récré en temps de Covid et de distanciation sociale. « Nous avions construit une salle de classe en forme de pavillon circulaire en terre, rue Le Vau dans le XXe arrondissement parisien. Ce faisant, nous avons pris conscience de toutes ces normes figées qui régissent l’architecture scolaire : fenêtres à gauche, couloirs, salles de classe rectangulaires… Nous avons donc voulu monter cette exposition avec le Pavillon de l’Arsenal pour questionner ces diktats, nos imaginaires, le rapport entre bâtiment et pédagogie… et enfin imaginer cette école idéale ! », précise-t-il.
Changer les stéréotypes
Le Pavillon de l’Arsenal étant fermé pour travaux, ce sont finalement les Magasins généraux qui reçoivent l’événement jusqu’au 12 octobre. Là, via un voyage spatial et thématique qui évoque les abords de l’école, sa disposition, son couloir, sa cour de récré, l’Atelier Senzu présente, à grand renfort de photos, de plans et de vidéos – le tout à hauteur d’enfants –, des établissements hors-normes, de joyeux prototypes existants ou ayant existé échappant aux canons : « Des salles de classe hexagonales avec des patios, des couloirs qui deviennent des lieux d’apprentissage, des cours de récréation-potagers, des écoles en paille…, énumère Wandrille Marchais. Et, bien sûr, nous questionnons la disparition de l’école avec ces classes en pleine nature. Par exemple, nous avons conçu un prototype d’école en forêt, visible dans l’exposition, en forme de tipi avec un foyer et un parachute pour s’abriter. »
Les artistes réinventent l’école
Pour autant, cette exposition ne saurait être purement architecturale. Elle propose, en dialogue, un regard artistique, sensible et ludique, dont le commissariat est assuré par Anna Labouze et Keimis Henni. Ainsi, plusieurs installations, interactives ou non, imaginent cette école idéale. Le Quilt des écoles, grand tapis communautaire, création de l’artiste, chercheuse et enseignante Marie Preston, interroge les modes de fonctionnement des établissements alternatifs, tandis que son Compodium cherche à réunir l’ensemble de l’écosystème (parents, professeurs…) d’une école maternelle. Les vidéos de Thomas Tudoux jettent, quant à elles, un regard sur les systèmes de notation ou échangent les rôles. Dans Entends-tu le bruit des oiseaux ?, de Sonia Chiambretto, une installation sonore mêle les pépiements des volatiles aux voix des enfants.
De son côté, une vidéo produite par la direction de la Communication de la ville présente la démarche de concertation engagée par la commune sur la relocalisation de l’école Eugénie-Cotton.
Et, comme il est permis de rêver fort, La Passerelle, centre d’art contemporain de Brest, propose des « œuvres à jouer », soit autant d’objets détournés. Et si, place de la Pointe, l’école devenait le lieu de tous les possibles ?
- Jusqu’au 12 octobre aux Magasins généraux (1, rue de l’Ancien-Canal), du mercredi au dimanche, de 14.00 à 19.00.
- Gratuit