© Aurore Fouchez 

Musique

L’Éthiopie en fusion

Avec leur groupe Kutu 2, le violoniste Théo Ceccaldi et la chanteuse Hewan G/Wold nous emmènent, le 17 novembre dans le cadre d’Africolor à Pantin, dans un lieu où convergent électro, jazz, punk, mélodies et rythmes hypnotiques d’Addis-Abeba.
Article de Anne-Laure Lemancel, publié dans Canal n°321, novembre 2023.

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Les musiques ethiopiennes

On connaissait le violoniste Théo Ceccaldi en héraut du jazz contemporain, récompensé d’une Victoire du jazz en 2017. Le voici aujourd’hui à traîner sa virtuosité du côté des musiques éthiopiennes.
Tout commence en 2019, lors d’un voyage à Addis-Abeba initié par Africolor, le festival de toutes les musiques africaines. Pour ce fan des figures légendaires de l’éthio-jazz, décidé à croiser son art avec celui des héritiers de ce courant musical et à donner la parole à une nouvelle génération d’artistes, ce périple revêt une allure initiatique. Pendant dix jours intenses, dans les tréfonds de la capitale éthiopienne, il fréquente les cabarets et clubs où s’époumonent les bardes azmaris, ces poètes et musiciens éthiopiens. «  Dans la petite salle de cinéma de l’Alliance française, explique-t-il, j’avais installé mon mini-studio de musique, avec mon violon et quelques pédales d’effet. J’y invitais des gens croisés au gré de mes soirées : chanteurs traditionnels azmaris, rappeurs, percussionnistes, danseurs, poètes... On jouait, on improvisait, on testait des formules.  »

Territoires partagés

Parmi tous ses invités, le courant passe plus intensément avec deux jeunes femmes d’à peine trente ans, Hewan G/Wold et Haleluya T/Tsadik, membres de l’orchestre Jano. «  Je sentais qu’avec elles, il était possible de créer un endroit neutre, un territoire partagé qui ne penche ni vers mon univers, ni vers le leur. Il existe peu de chanteuses en Éthiopie. Cela explique, je pense, leur audace et leur goût du risque.  »
Le processus créatif se déploie d’abord à distance, via l’envoi de fichiers musicaux sur WhatsApp, avant que Théo ne reparte à Addis-Abeba un an plus tard pour finaliser leur premier disque. Le trio initial, du nom de Kutu – «  On y va !  » en langue éthiopienne –, devenu duo en tournée (seule Hewan assure les scènes), s’étoffe de quelques musiciens -–les irrésistibles Cyril Atef à la batterie, Akemi Fujimori au clavier et Valentin Ceccaldi à la basse –, lesquels font se télescoper la liberté folle du jazz, l’énergie rageuse du punk, les assauts joyeux de la dance music et la transe irrésistible de l’électro. En bref, une terra incognita aux racines éthiopiennes, à découvrir d’urgence salle Jacques-Brel. En prime, une première partie assurée par le Kenyan Kabeaushé, digne héritier de Prince et de Grace Jones.

Informations pratiques :

  • Vendredi 17 novembre, 20.00
  • Salle Jacques-Brel, 42, avenue Édouard-Vaillant
  • Réservation par téléphone au 01 49 15 41 70 ou sur le site sortir de la ville