Solidarité
Projets intergénérationnels, des initiatives porteuses de sens
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Un article de Guillaume Tchéchi publié dans Canal n°337 juin 2025
«Et toi, comment c’était quand tu avais 11 ans ? » Derrière cette question, un projet. Mené par une classe de sixième du collège Lavoisier, une dizaine de résidents de l’Ehpad La Seigneurie et Radio campus Paris, il a permis à des ados de 2025 d’échanger avec des seniors, dont certains avaient leur âge en 1945.
En parallèle, le groupe a travaillé les techniques de l’interview avec une journaliste. Objectif : donner naissance à un podcast. « Nous voulions comprendre ce qu’ils avaient connu quand ils étaient petits », résume Rabi, 11 ans. À l’époque, les filles étaient-elles séparées des garçons ? À quoi jouaient-ils ? L’école était-elle plus sévère ? À ces questions, des réponses sous forme de témoignages et un constat, celui de Françoise, résidente de La Seigneurie : « Finalement, nous n’étions pas si différents… »
D’égal à égal
À (Re)trouvailles, le tiers-lieu créé par l’Ehpad, les projets intergénérationnels foisonnent. Un partenariat avec la crèche Les Petits Rougets réunit ainsi un groupe composé de cinq enfants de deux ans et de cinq résidents. Depuis cet automne, ils se rencontrent une fois par mois pour partager des activités. « L’interaction entre les personnes âgées et les tout-petits est quasi immédiate, note Édouard Prono, directeur de La Seigneurie. Aucun n’affiche de gêne particulière. Ils sont dans le présent sans être en échec sur des défaillances de mémoire. »
Des concerts participatifs ont également rassemblé des résidents et des lycéens de Lucie-Aubrac autour du projet Harmonie des âges, mené avec l’association ProQuartet. « Les deux publics ont échangé sur leurs habitudes, pratiques et goûts musicaux et se sont ensuite retrouvés à six reprises lors de concerts », résume Mélissa Pèbre, coordinatrice de (Re)trouvailles. « Certains enfants ou jeunes n’ont pas l’habitude de côtoyer des personnes âgées et trouvent une figure manquante, explique Édouard Prono. Parfois, c’est juste une relation d’égal à égal, mais toujours positive. »
Un partage d’expériences
Se nourrir de l’expérience de l’autre pourrait aussi résumer l’expérimentation menée, jusqu’au 2 juillet, par le Centre communal d’action sociale (CCAS) et le centre de loisirs Joséphine-Baker. Chaque semaine, sur le temps de la pause méridienne, dix personnes âgées et des enfants fréquentant la structure partagent un déjeuner, puis profitent d’activités communes. L’objectif ? Rompre l’isolement des seniors, favoriser l’échange et la transmission.
Les bibliothèques ne sont pas en reste. Elsa-Triolet a accueilli une partie du dispositif Voyages en cartes postales grâce auquel des résidents de La Seigneurie, des adolescents de l’institut médico-éducatif (IME) Louise-Michel et des enfants du centre de loisirs Joliot-Curie se sont retrouvés lors de lectures musicales et d’ateliers créatifs. « Ce type d’initiative engendre un partage d’expériences très enrichissant, relève Noémie Lafond, bibliothécaire. Nous assistons à des rencontres qui ne se seraient sans doute jamais déroulées en temps normal. Elles ont donné lieu à des dialogues parfois décalés et à des moments rares. Chaque participant s’est ouvert davantage à l’autre. »
Podcast Et toi, comment c’était quand tu avais 11 ans ? : à découvrir sur www.radiocampusparis.org
Ateliers gratuits de yoga intergénérationnel en juin, juillet et août. Inscription : retrouvailles.pantin@gmail.com