
Culture et patrimoine
Sapés comme jadis : quand la mode rencontre l'archéologie
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Un article de Guillaume Gesret publié dans Canal n°341 novembre 2025
L’exposition Se vêtir à l’âge du Bronze est le fruit d’une « rencontre improbable ». C’est Rolande Simon-Millot, conservatrice et commissaire d’exposition au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, qui le dit ! Cette rencontre, c’est celle des étudiants d’ESMOD et des archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Elle a eu lieu en juillet, à l’occasion d’un mois de résidence de l’institution dans les murs de l’établissement situé avenue Jean-Lolive.
Onze étudiants se sont d’abord familiarisés avec le mode de vie et la façon de se vêtir entre 2300 et 800 ans avant Jésus-Christ. « Les archéologues nous ont donné beaucoup de connaissances sur les matériaux et les outils qui existaient il y a 4 000 ans, se souvient Louise, en troisième année. À partir de ce savoir scientifique, nous avons eu carte blanche pour inventer des panoplies et parures en utilisant de la laine, du cuir et de la feuille d’or. »
Archéologie créative
Les étudiants participants ont aussi été initiés aux techniques artisanales de l’époque : tissage sur métier, teintures naturelles, moulage du cuir, application de feuilles d’or… « Notre ambition n’était pas de réaliser des reconstitutions fidèles, souligne Brune. Nous avons été encouragés à laisser libre cours à notre imagination. » Yann Lorin, un archéologue qui a suivi le travail des étudiants, confie : « Les jeunes ont réussi à insuffler de la vie à l’archéologie ! À partir d’un cadre rigoureux et scientifique, ils ont fait preuve de créativité, d’audace et, surtout, ils font honneur à nos ancêtres. »
Du 3 au 13 octobre, les visiteurs du musée d’Archéologie nationale ont ainsi pu admirer un manteau orné de plumes, une tunique d’enfant en lin, une cuirasse en cuir pour femme, une cape de mariage… Onze panoplies remarquables, confectionnées dans les règles de l’art. Voir ainsi les vêtements exposés au milieu de la collection muséale rend Solange, étudiante de deuxième année, très fière. « Cette expérience a été enrichissante et vraiment chouette ! Je me suis impliquée à fond dans ce travail. Aujourd’hui, la pièce que j’ai créée est magnifiquement mise en valeur. »
Loin de la fashion week !
Pour Véronique Beaumont, directrice générale d’ESMOD, cette collaboration redonne toutes ses lettres de noblesse aux métiers de la mode. « Notre milieu, ce n’est pas uniquement la fashion week, c’est aussi un savoir-faire artisanal. Je suis très heureuse que nos étudiants se soient familiarisés avec des techniques ancestrales de couture, de tissage et de broderie. Ils ont fait le grand écart et se sont affranchis des contraintes historiques pour créer, et ce, en respectant les connaissances apportées par les archéologues. Ce projet expérimental prouve que notre établissement n’est pas une école de mode comme les autres », conclut-elle.