© Rudy Ouazene

Art contemporain

Yan Pei-Ming investit la galerie Thaddaeus-Ropac

Jusqu’au 20 décembre, la galerie Thaddaeus-Ropac accueille Eye to eye, une exposition de l’un des plus grands peintres contemporains, Yan Pei-Ming, célèbre pour ses (auto)-portraits.

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 Un article d'Anne-Laure Lemancel publié dans Canal n°340 octobre 2025

«Je suis peintre tout simplement parce que j’aime ça ! », nous confie Yan Pei-Ming. La phrase pourrait sembler désarmante de simplicité si elle ne résumait l’ensemble de sa trajectoire et de sa passion. Né à Shanghai en 1960, arrivé en France à 19 ans, l’artiste s’est imposé, depuis ses études aux Beaux-Arts de Dijon, comme l’une des figures majeures de la peinture contemporaine, avec ses toiles tour à tour monumentales ou intimes, son art expressif, ses impétueux coups de pinceau, ses coulures et couches de couleur qui laissent surgir des visages et des corps au bord de la dissolution.

Regards croisés

Si son travail s’expose dans les institutions les plus prestigieuses du monde (Louvre, musée d’Orsay, Palazzo Strozzi, Petit Palais, Villa Médicis…), c’est à Pantin, dans le bel espace industriel de la galerie Thaddaeus-Ropac, qu’il présente aujourd’hui Eye to eye, spécialement conçue pour ce lieu. Un titre qui en dit long : « C’est l’œil qui regarde notre humanité, notre époque, notre société, le monde dans toute sa complexité… », explique le créateur, avant de préciser : « L’œil est aussi, bien sûr et avant tout, celui du spectateur. »

Face à son regard, se dévoilent des œuvres récentes où l’on perçoit l’évolution de son art, « moins impulsif qu’auparavant » et peut-être moins abstrait. Par ailleurs, si Yan Pei-Ming s’inscrit dans la grande tradition de la peinture européenne, les inspirations de son pays d’origine se manifestent ici de manière plus explicite. En témoignent les deux lions qui surveillent l’entrée, gardiens des traditions chinoises aux puissants effets protecteurs. Sur ses représentations de l’animal, planent aussi les influences de Rubens ou de Delacroix.

Un portrait universel

Et puis, il y a cette pièce maîtresse, déjà présentée au Palais des papes d’Avignon en 2021 : L’autoportrait en trois personnes (2020), un triptyque qui convoque l’iconographie chrétienne. 

Car, dans cette exposition, celui qui reste immensément connu pour ses représentations d’illustres personnages (Mao Zedong, Bruce Lee, Barack Obama, Michael Jackson, Shakira…) enrichit encore davantage son corpus d’autoportraits, l’une de ses autres spécialités, allant de toiles géantes à des créations de plus petits formats sur des supports ovales rappelant la tradition de la miniature à la Renaissance. Soit un éternel questionnement de son autoreprésentation. Avec, de murs à murs, des jeux de réflexion, des regards échangés qui invitent les visiteurs à méditer sur leurs points communs. « Je m’intéresse à l’homme en général, et mon travail peut être considéré comme une sorte de portrait universel », conclut Yan Pei-Ming.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 20 décembre, galerie Thaddaeus-Ropac (69, avenue du Général-Leclerc).
  • Du mardi au samedi, de 10.00 à 19.00. Plus d’infos : www.ropac.net. Gratuit.