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Citoyenneté

Spécial confinement #2 - Interview de Bertrand Kern, maire de Pantin

Alors que la crise sanitaire se poursuit avec des conséquences économiques et sociales dramatiques pour toute une partie de la population, Bertrand Kern, maire de Pantin, revient sur les mesures prises par la ville pour protéger les plus fragiles et préparer l’avenir.
Propos recueillis par Valérie Baudais-Baconnet, publié dans Canal n°292, décembre 2020.

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Canal : Le 28 octobre, un nouveau confinement a été annoncé par le président de la République. Comment avez-vous réagi ?
Bertrand Kern : Avec mon équipe municipale, nous avons immédiatement pensé à toutes les familles pantinoises déjà fragilisées par le confinement du printemps. Ces femmes et ces hommes, qui n’avaient pas forcément eu le temps de se remettre, allaient devoir faire face à de nouvelles difficultés. Depuis le début de la pandémie, ce sont plus de 1 000 ménages supplémentaires qui ont bénéficié de l’intervention des services sociaux. Et c’est notre responsabilité, j’allais dire essentielle, de les aider à traverser cette crise. Il faut absolument éviter que leur situation ne s’aggrave. J’ai ainsi abordé cette période avec une priorité : maintenir ouverts tous les services publics dont les Pantinois, et particulièrement les plus fragiles, allaient avoir besoin.

La ville était donc préparée à l’éventualité de cette nouvelle période de restriction de circulation…
B.K. : Nous n’avons pas été surpris. Depuis le printemps, nous suivons avec attention tous les indicateurs de l’épidémie et, à la rentrée, nous avons constaté que la contagion progressait, ce qui a pu entraîner la fermeture de certains services municipaux. Fin septembre, j’ai ainsi demandé aux agents communaux de se préparer à un nouveau confinement. Cette anticipation nous a permis de réagir vite et efficacement. Dès le 29 octobre, dans le strict respect des consignes gouvernementales et préfectorales, les services de la ville ont modifié toute leur organisation. Les écoles, les crèches, les centres de santé, les services sociaux et le centre administratif sont ainsi restés ouverts à 100 % tant que personne n’y était contaminé.

Au-delà du maintien de l’activité des services publics, la ville a-t-elle créé des aides sociales supplémentaires ?
B.K. : D’abord, nous avons modifié les critères d’attribution des aides financières afin de pouvoir apporter un appui plus important aux Pantinois fragilisés. En parallèle, nous renforçons actuellement les effectifs des services sociaux. L’embauche de deux personnes va, très prochainement, nous permettre d’ouvrir des permanences sociales dans chaque maison de quartier, mais aussi de créer une ligne téléphonique dédiée aux situations d’urgence. Nous agissons également pour que personne n’ait faim à Pantin. La distribution de bons alimentaires a ainsi été réactivée et des tickets «  repas d’urgence  », à destination des familles suivies par les services sociaux de la ville et des étudiants isolés, imaginés.

Lors du premier confinement, les Pantinois ont fait preuve d’une grande solidarité, et en particulier le monde associatif que vous avez beaucoup accompagné. Est-ce toujours le cas ?
B.K. : Oui. Nous n’avons pas cessé de travailler avec les associations et de leur apporter un soutien logistique. Et c’est une de nos plus grandes fiertés ! Par exemple, nous prêtons les locaux de l’école Joséphine-Baker pour les distributions alimentaires du Secours populaire. Ce sont également les associations qui assurent la distribution et la livraison des repas solidaires que nous mettons actuellement en place avec le restaurant d’insertion Le Relais. Dans cette crise, la solidarité est la clé.

Les commerces «  non essentiels  » ont été affectés en novembre par des mesures de fermeture. Pourquoi ne pas les avoir autorisés à ouvrir comme d’autres maires l’ont fait ?
B.K. : Les arrêtés municipaux autorisant l’ouverture des magasins ont tous été cassés par les tribunaux administratifs et les commerçants ont été sanctionnés : c’est exactement ce que je voulais éviter. Pour réduire les pertes qu’engendre leur fermeture, la municipalité a encouragé la poursuite d’activité via le click and collect, en recensant, sur le site internet de la ville, tous les commerces le proposant.

Et comment s’organise la gestion de la pandémie, notamment dans les écoles ou les centres municipaux de santé (CMS) ?
B.K. : Dans les écoles, des mesures sanitaires sont mises en place depuis septembre. Pour la rentrée du 2 novembre, nous avions prévu des masques chirurgicaux afin que tous les élèves puissent respecter la nouvelle obligation de les porter. Nous allons également fournir des masques en tissu à chaque enfant scolarisé en élémentaire. Concernant les CMS, ils sont ouverts normalement. La mise à disposition du foyer Cocteau a permis de créer un centre de dépistage dédié à la Covid. Géré par un laboratoire privé, jusqu’à 500 tests y sont réalisés chaque jour. Depuis le 28 novembre, la ville et la Protection civile s’associent pour proposer, tous les samedis, des tests antigéniques aux Quatre-Chemins. Cela permet d’éviter l’engorgement des structures municipales de santé.

Le Premier ministre a annoncé que les fêtes de fin d’année ne se dérouleront pas normalement. La ville va-t-elle agir pour préserver la «  magie  »  de cette période ?
B.K. : Évidemment, les manifestations habituelles, telles que le Village d’hiver, ne pourront pas avoir lieu cette année. Nous avons toutefois tenu à maintenir les illuminations partout dans la ville. Le 6 décembre, un marché de producteurs sera également organisé. Quant aux repas de fin d’année à destination des seniors, ils seront remplacés par des bons d’achats à utiliser chez les commerçants locaux.

La crise devrait se poursuivre en 2021 : comment envisagez-vous l’année à venir ?
B.K. : 2021 sera l’année du vaccin. C’est une bonne nouvelle ! Dès que nous aurons confirmation que la vaccination est possible, nos trois CMS se mobiliseront pour la proposer aux Pantinois, avec une priorité accordée aux plus vulnérables et aux personnes prioritaires prochainement désignées par l’Etat. Cette pandémie nous a changés individuellement et collectivement. Je vois, par exemple, que de plus en plus de Pantinois se déplacent à vélo. Nous avons aussi pris l’habitude de consommer plus local. Et, bien évidemment, nous avons su faire preuve de plus de solidarité. Nous avons ainsi engagé cette transition vers une ville plus solidaire, plus écologique et plus citoyenne qui est au cœur de notre projet municipal.