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Art numérique

Antoine SCHMITT

«  La programmation est mon matériau artistique, un peu comme le pinceau, le pigment et le support le sont pour un peintre.  »

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Depuis 25 ans, Antoine Schmitt met l’art numérique à l’honneur en créant, avenue Jean-Lolive, des œuvres en mouvement, interactives ou génératives. Rencontre.
Portrait de Hana Levy, publié dans Canal n°301, novembre 2021.


Sur l’écran géant de son ordinateur, des lignes s’évanouissent et rejaillissent en une traînée de pixels lumineux, des carrés blancs explosent en avalanche sur un fond noir. Pour élaborer ses œuvres, Antoine Schmitt n’a besoin que d’un ordinateur et d’algorithmes. «  La programmation est mon matériau artistique, un peu comme le pinceau, le pigment et le support le sont pour un peintre.  » Si l’art numérique reste obscur pour le grand public et son procédé mystérieux, l’artiste-ingénieur-programmeur revendique «  une création vivante, en mouvement avec des œuvres génératives, c’est-à-dire fabriquées en direct, ou interactives. Dans ce cas, le public les fait évoluer  ».

Créer du lien avec le public
Son diplôme d’ingénieur en poche, il travaille, de 1991 à 1994, comme programmeur spécialisé en intelligence artificielle dans la Silicon Valley pour, entre autres, Apple. De retour en France en 1995, il troque son costume de cadre pour celui d’artiste numérique autodidacte.
Si ses œuvres, conçues pour être vues sur écran, sont régulièrement exposées à la galerie parisienne Charlot, ses installations investissent également l’architecture ou l’espace public. «  Je préfère les œuvres collaboratives qui impliquent le public et permettent de créer du lien  », précise-t-il. Ainsi, en 2013, à Saint-Denis, il invite les habitants à faire palpiter leur fenêtre, comme un grand pixel, en se connectant à son programme City Lights Orchestra.
Côté spectacle vivant, il se mue en instrumentiste et chorégraphe d’images. Dans Myselves, la créature artificielle qu’il a programmée interagit avec une danseuse sur laquelle sont placés des capteurs corporels et optiques, dans un corps-à-corps humain-pixels.

Naissance d’un nouveau marché
Antoine Schmitt, qui s’applique à «  créer des œuvres qui ne nécessitent pas de détenir les codes de l’art contemporain pour être appréciées  », a trouvé, il y a six mois, une nouvelle plateforme de lancement pour rendre son art plus visible. Système d’achat émergent issu des crypto-monnaies, les NFT (pour Non-Fungible Tokens) représentent dorénavant un nouveau marché de l’art estimé à plus d’un milliard de dollars. Le collectionneur acquiert une sorte de certificat d’authenticité unique pour l’œuvre achetée en crypto-monnaie. «  Plus que le propriétaire de l’œuvre, il devient celui de la signature numérique qui lui permettra ensuite de la revendre  », détaille celui qui s’est lancé en avril et a vendu de la sorte une dizaine d’œuvres. Très peu chères (50 € en moyenne) et réalisées en 21 exemplaires, elles ressemblent davantage à des tirages. Alors, révolutionnaire ce nouveau débouché ? «  Pour l’instant les NFT créent une rareté qui suscite engouement et spéculation. Espérons qu’ils deviennent aussi un outil de démocratisation de l’art numérique  », conclut-il.

Actualités

  • Les NFT d’Antoine Schmitt sont disponibles sur la plateforme hicetnunc.xyz.
  • Son spectacle Atotal est à découvrir samedi 27 novembre au Centquatre (5, rue Curial, Paris XIXe).
  • Son exposition Être machines est visible au Centre d’art Les Églises de Chelles (Esplanade de la Légion-d’Honneur) jusqu’au 7 novembre.
  • Et pour en découvrir plus rendez-vous sur son site internet.