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Culture et patrimoine

Josselin GUILLOIS

«  L’écriture est devenue indispensable à ma vie depuis mes 15 ans. J’y consacre deux à trois heures par jour. Si je paresse, je culpabilise immédiatement.  »

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Dans son premier roman, salué par la critique, Josselin Guillois nous plonge dans les secrets du Louvre sous l’occupation allemande. Rencontre avec ce professeur de lettres de 33 ans qui vit pour et par la littérature.
Portrait de Guillaume Gesret, publié dans Canal n°288, juillet - août 2020.


Dix mois après la parution de Louvre, Josselin Guillois semble toujours sur un petit nuage. «  Je suis très heureux. Le livre en est à son troisième tirage et il va être traduit pour être diffusé en Arabie Saoudite, en Italie et en Argentine.  » Le Monde, Libération, Le Parisien, Paris Match, France Culture… En pleine rentrée littéraire, sa maison d’édition, Le Seuil, lui a offert une belle couverture médiatique et a organisé de nombreuses rencontres en librairie. «  Cela me permet de mettre des visages sur des lecteurs. Dans une librairie de Belle-Île-en-Mer, j’ai cuisiné pour certains d’entre eux lors d’une rencontre-dîner. En septembre, je ferai une lecture chez le caviste Le Lieu du vin. Elle sera suivie d’une conférence sur le vin et l’écriture  », se réjouit-il.

Peinture d’une époque
Mais revenons à son roman. Louvre nous plonge dans les coulisses du musée parisien pendant la Seconde Guerre mondiale. Josselin Guillois, amateur de peinture, raconte la manière dont le directeur de l’époque, Jacques Jaujard, décide, dès le mois de septembre 1939, d’exfiltrer 4 000 œuvres du musée pour éviter qu’elles soient confisquées par les Nazis. «  C’est un geste d’anticipation inouï, s’enthousiasme l’auteur. J’ai découvert ce fait historique en tombant sur des clichés montrant des ouvriers sans gant, clope au bec, en train de déménager des chefs-d’œuvre de la peinture et des trésors égyptiens.  » Pour conférer une dimension romanesque à son œuvre, Josselin Guillois a cousu de toutes pièces les journaux intimes de trois femmes gravitant autour du directeur, devenant par là même les narratrices.
Cet ouvrage, Josselin Guillois l’a façonné dans le train qui le menait chaque jour vers un collège de Meaux où il enseignait les lettres. «  Je l’ai construit mentalement à l’occasion de mes allers-retours et j’écrivais le soir, après le dîner.  » Aujourd’hui, le professeur transmet sa passion pour la littérature dans un lycée parisien et trouve toujours le temps d’écrire au petit matin ou à la nuit tombée. «  L’écriture est devenue indispensable à ma vie depuis mes 15 ans. J’y consacre deux à trois heures par jour. Si je paresse, je culpabilise immédiatement.  » Alors, pour pouvoir s’adonner à «  l’extase de la littérature et de la lecture de Proust, de Guyotat ou de Melville  », il résiste à la pression du temps, refusant de détenir un smartphone, de s’abonner à Netflix ou de fréquenter les réseaux sociaux.

Un deuxième roman
Une telle hygiène de vie ne le coupe pas pour autant de son époque. «  J’accompagne mon fils à la crèche et je regarde des séries comme tout le monde. Certaines sont aussi grandes à mes yeux que du Proust.  » Ce père de famille se nourrit aussi des échanges avec ses élèves et de discussions avec le caviste, le fromager et les commerçants du marché de l’Église à propos de son autre passion, la cuisine.
Comme bon nombre de Parisiens, Josselin Guillois est arrivé à Pantin, il y a quatre ans, pour devenir propriétaire. Rapidement, il a repéré des endroits qu’il affectionne particulièrement : le café du CND, la galerie Thaddaeus Ropac, la Halle Papin… «  J’ai trouvé une certaine tranquillité dans cette ville, le bon équilibre entre le retrait et la ferveur de Paris.  » Le soir, quand les bruits de la cité s’estompent, il écoute un disque de Duke Ellington et se met devant son ordinateur. «  Mon deuxième roman aura également une empreinte historique  », promet-il.

Louvre, éditions du Seuil, 256 pages, 18 €.