© Hugo Servanin 

Art contemporain

L'artiste Hugo Servanin expose aux Magasins généraux

Sculpteur, diplômé des Arts déco en 2018, Hugo Servanin conçoit des corps hybrides qu’il installe dans des univers inventés. Des créatures sans sexe ni genre à découvrir aux Magasins généraux, du 17 mars au 7 mai, dans le cadre d’une exposition-résidence baptisée Morphose.
Article de Anne-Laure Lemancel, publié dans Canal n°314, mars 2023.

Publié le

Canal : Comment définiriez-vous votre art ?
Hugo Servanin : Mon travail est fondé sur la création d’êtres-sculptures, confectionnés en mixant différents moulages de diverses parties du corps, à partir d’empreintes de personnes grâce auxquelles j’ai constitué une véritable bibliothèque.

D’où vous vient cette fascination pour le corps ?
H.S. : Elle provient de mon enfance difficile : obésité morbide, puberté précoce qui a nécessité un traitement médical complexe. De quoi bouleverser tout mon équilibre. J’ai, du coup, nourri un intérêt fort pour le corps afin de mieux appréhender et comprendre le mien. Mes créatures sont des êtres charnels qui évoluent et s’expriment au travers de la matière. Par leur entremise, je raconte des histoires, tel un dramaturge d’opéra ou de théâtre. J’installe en effet toujours mes sculptures au cœur d’environnements ou d’une structure sociale.
 
À quoi va ressembler l’exposition Morphose ?
H.S. : Pour cet événement, conçu en tout par une bonne vingtaine de personnes, je souhaitais m’atteler au verre afin de jouer avec la transparence et l’idée de réseaux veineux. Je désirais ainsi questionner l’irrigation, d’abord à l’échelle du bâtiment, dans lequel je conçois, à partir de gouttières, une rivière qui connecte les corps entre eux. Dans ces derniers, poussent des végétaux – les organes – dont les racines ne sont autres que les veines. Se crée alors tout un système, un rhizome. Morphose permet également de suivre la vie et l’évolution de ceux que j’appelle mes «  géants  », des matrices issues d’anciennes expositions.
Tout ce monde de sculptures prend vie grâce à la création sonore de Mohamed Bourouissa et aux collaborations avec les plasticiens Jeanne Vicérial et Jesse Kanda.

Vous travaillez sur les corps idéaux, les corps diminués, augmentés, dissidents… Où se situe la question de genre dans votre œuvre ?
H.S. : Sans que je me pose la question de manière frontale, j’aborde, malgré moi, ces sujets puisque je n’ai jamais assigné de sexe à mes chimères hybrides. Plus qu’à leur genre, je m’intéresse à leurs sensations corporelles, à ce qui se passe dans leur existence.

En quoi votre art peut-il contribuer à faire progresser l’égalité femmes-hommes ?
H.S. : Je pense que, sans le vouloir précisément, mon travail traite de la réappropriation des corps, de leur libération, de leur image, qui n’est plus forcément sexualisée et qui n’a pas pour unique ambition de plaire. Ils s’inscrivent, bien au contraire, dans une symbiose respectueuse de leur environnement. En cela, je pense que ma création possède une réelle dimension progressiste, voire politique.

Informations pratiques :

  • Morphose d’Hugo Servanin : du 17 mars au 7 mai, du mercredi au dimanche, de 14.00 à 19.00.Magasins généraux : 1, rue de l’Ancien-Canal. Entrée libre.
  • Plus d’informations sur le site internet des magasins généraux