© ville de Pantin 

Urbanisme

Quand les femmes façonnent l’espace public de Pantin

Elles sont architectes, urbanistes, paysagistes. Leur point commun ? Ces dernières années, la ville leur a confié le soin de superviser la réhabilitation ou la conception de lieux emblématiques. Parallèlement, Pantin féminise le nom de ses rues, trop longtemps trusté par la gent masculine.
Article de Christophe Dutheil, publié dans Canal n°314, mars 2023.

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des femmes aux manettes De projets urbains importants

Le saviez-vous ? La place de la Pointe, l’un des lieux les plus emblématiques de la ville, a été conçue en 2016 par une femme : Jacqueline Osty. Paysagiste de renommée internationale, elle est parvenue à transformer cette ancienne friche industrielle en un immense espace de vie ouvert sur la ville, tout en préservant son cachet historique. Et le résultat est à la hauteur des convictions de cette professionnelle engagée, pour qui le paysage doit être «  une voie de pacification, une façon de ranger les usages dans un ensemble harmonieux, source de plaisirs urbains partagés  ».
Cette volonté de faire se croiser les populations et les modes de vie, on la retrouve dans le travail de l’architecte Maud Caubet qui, aux Quatre-Chemins, a supervisé la rénovation des Sheds, lesquels abritent dorénavant la galerie municipale d’art contemporain et une structure dédiée à la petite enfance.
Quant à l’urbaniste Claire Schorter, elle supervise actuellement l’aménagement des 45 hectares du futur écoquartier. «  J’ai décidé de créer ma propre agence, LAQ, au détour de mes 40 ans, pour pouvoir travailler selon mes convictions. Selon moi, la ville doit être mieux raccordée à tous ses habitants – femmes, hommes, enfants, personnes âgées. Il faut aussi réparer les dégâts engendrés par 50 ans de règne de l’automobile, au cours desquels l’aménagement urbain a été trop influencé par la voiture et pas assez par la volonté de faciliter les usages quotidiens.  »

En avant les matronymes !

Dans le cadre de sa politique pour l’égalité, et partant du principe que seulement 6 % des voies françaises portent le nom d’une femme, la ville est également engagée, depuis plusieurs années, dans un processus de féminisation des noms de ses rues, quartiers et équipements publics. Ainsi, au nord des Courtillières, le dernier-né des ensembles d’habitations pantinois  s’appelle Les Pantinoises. Fin 2020, une consultation a même été menée pour attribuer des dénominations féminines (Dorita-Perez, Miriam-Makeba...) aux voies du secteur. Même chose dans le quartier du Port où l’on se donne dorénavant rendez-vous mail Hélène-Brion ou Raymonde-Couthier. Quant à la piscine de l’avenue Leclerc, livrée cet été après une importante réhabilitation, elle se nomme maintenant Alice-Milliat.
En l’espace de 20 ans, le nombre de lieux portant des noms féminins a ainsi été multiplié par deux à Pantin. Mais cela est-il vraiment important ? «  Bien sûr !, répond sans hésiter Alexandra Mallah, doctorante en géographie à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Le premier objectif de ce mouvement est de réparer une injustice, celle des existences minorées et invisibilisées de nombreuses femmes. Et Pantin fait partie des communes de la petite couronne qui jouent pleinement le jeu ! Le second est de pouvoir – enfin – donner un plus grand nombre de modèles aux jeunes filles qui grandissent dans la société française.  »

Du 8 au 15 mars, dans le cadre de la Semaine de l’égalité, la maison de quartier des Courtillières accueille l’exposition La Rue est à elles qui revient sur le processus de la féminisation des noms de rue à Pantin.