Parc Diderot © ville de Pantin 

Développement urbain

En 2022, la rénovation urbaine des Quatre-Chemins se concrétise

Depuis deux décennies, la municipalité a fait de la requalification et de l’apaisement des Quatre-Chemins à Pantin ses priorités. Une politique volontariste qui commence à porter ses fruits comme le confirme l'élu Mathieu Monot.
Extrait du dossier "En 2022, les Quatre-Chemins voient plus grand", Pascale Decressac, Frédéric Fuzier et Guillaume Gesret, publié dans Canal n°303, janvier/février 2022.

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Le quartier des Quatre-Chemins, l’un des plus pauvres de France, bénéficie d’un programme de requalification urbaine d’ampleur depuis 2007. Cette transformation est une œuvre de longue haleine, un travail que l’on pourrait qualifier de dentelle en raison du caractère composite d’un secteur marqué par une riche histoire industrielle.

Résorber l’habitat indigne, créer des équipements

Si la résorption des logements indignes est une priorité municipale depuis 2001, sa concrétisation, dans ce périmètre, aura pris 14 ans. Rachetés un par un par la ville au fil du temps, parfois au prix de longues procédures juridiques, 271 logements, appartenant pour la plupart à différents propriétaires, ont déjà été démolis, remplacés par 1 000 constructions neuves. Et le passé manufacturier du secteur complique encore un peu plus la tâche dans ce domaine – de chronophages opérations de dépollution devant parfois être menées avant les premiers coups de pioche...
L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) a, dans le cadre du Programme de renouvellement urbain  2007-2021 (PNRU), financé un quart des 80 millions d’euros investis, tant en matière de logements que d’équipements ou d’espaces verts. Ainsi, la Maison Revel héberge dorénavant le pôle des métiers d’art d’Est Ensemble, le square Anne-Frank a été inauguré en 2019 et le parc Diderot a accueilli ses premiers baigneurs l’été dernier.
À partir de 2022, le nouveau programme de rénovation urbaine (NPNRU) permettra bien sûr de poursuivre l’éradication de l’habitat indigne (180 logements démolis, 30 copropriétés réhabilitées), mais il sera aussi l’occasion de financer l’installation de nouveaux équipements de pointe, à l’image du nouveau centre de santé et de la Micro-Folie-antenne jeunesse en 2025. D’autres seront complètement renouvelés, à l’instar de la halle Magenta, appelée à être reconstruite dans le cadre d’une opération comprenant l’édification d’un hôtel et de bureaux.
Si le déplacement forcé de consommateurs de crack square de La Villette freine les ambitions et efforts de la ville pour la requalification de ce secteur, et plus globalement de l’ensemble du quartier,  cette année qui s’ouvre verra, aussi, naître une nouvelle coopération entre Pantin, Paris, Aubervilliers, Est Ensemble, Plaine Commune et le département pour l’aménagement de la porte de La Villette. Non loin de là, la rue Sainte-Marguerite et ses alentours seront dorénavant nettoyées par la ville qui verra ses interventions remboursées par la capitale.

Grands-Quatre-Chemins

En 2022, l’aménagement de l’écoquartier repartira également sur de bons rails. L’établissement foncier d’Île-de-France (Epfif) a en effet rejoint le projet en juillet 2020. Son assise financière lui a permis d’acheter en une seule fois 16 hectares de cette future zone d’aménagement concerté (ZAC), lesquels seront revendus progressivement à la société publique locale (SPL) Ensemble, désignée par la ville et Est Ensemble comme aménageur de ce nouveau morceau de Pantin.
Appelé à relier les Quatre-Chemins au reste de la commune, l’écoquartier comprendra, à terme, environ 1 500 logements (dont 33 %  seront sociaux), des locaux d’activités de service et de bureaux, 5 hectares d’espaces verts (dont 2,5 hectares d’un seul tenant) et plusieurs équipements publics. Ainsi, naîtront les Grands-Quatre-Chemins, un quartier entièrement connecté à la ville, respectueux de l’environnement et apaisé.  «  Si elle sera parachevée par l’écoquartier, cette évolution est déjà à l’œuvre au sein d’un quartier qui est le berceau de toutes les politiques publiques, tant en matière d’habitat que de petite enfance, de santé, de solidarité, de sport ou encore de culture  », affirme François Birbès, adjoint au maire délégué aux Quatre-Chemins.

Du concret pour l’écoquartier

Mais avant cela, dans quelques mois à peine, les traits de cet écoquartier commenceront à s’esquisser. Désignée en septembre dernier, l’agence LAQ, qui représente l’avant-garde de l’aménagement urbain hexagonal, est à l’œuvre pour stabiliser un projet d’ici à l’été. Ce dernier fera la part belle à la sobriété énergétique, au réemploi des matériaux comme des bâtiments et au végétal dans toutes ses dimensions.
Et, d’ores et déjà, certains équipements situés en bordure du futur ensemble – le Centre de commandement unifié de la SNCF et le nouveau collège Jean-Lolive – ont été livrés ou sont en passe de l’être. Fin 2022, la Cité fertile quittera la parcelle qu’elle occupe et les terrains commenceront à être rétrocédés. En 2023, le Centre national des arts plastiques (CNAP) s’installera rue Cartier-Bresson dans un bâtiment dont l’édification démarrera bientôt. Puis, en 2025, le nouveau centre de santé et une plateforme autonomie dédiée aux seniors ouvriront leurs portes avenue Édouard-Vaillant. Au sein de ce bâtiment, exemplaire d’un point de vue environnemental, 68 logements, dont 23 sociaux. Les tout premiers de l’écoquartier…

2022 AUX QUATRE-CHEMINS…

1er semestre
> Livraison du nouveau collège Jean-Lolive
> Déménagement du marché Magenta
• Livraison des sheds
• Livraison des anciens bains-douches municipaux
• Nouveaux usages pour l’ancien collège Jean-Lolive

2e semestre
Création de cours jardins dans les écoles Vaillant et Lolive
> Reconstruction du foyer de travailleurs migrants Adoma
> Rénovation de l’avenue Jean-Jaurès et poursuite de la requalification de la rue Cartier-Bresson
> Début des travaux de l’écoquartier

3 QUESTIONS À…

Mathieu Monot, premier adjoint au maire délégué au Développement urbain durable, aux Écoquartiers, à l’Innovation par la commande publique et à la Démocratie locale  

Canal : Pourquoi le projet de transformation du quartier des Quatre-Chemins était-il nécessaire ?
Mathieu Monot : Nous l’assumons : agir aux Quatre-Chemins est «  la  » priorité. Même si de nombreux projets y ont vu le jour au cours des dernières années, c’est encore le quartier qui bénéficie le moins du dynamisme que connaît Pantin. C’est un travail de longue haleine pour lequel nous devons manier, en même temps, le microscope et  la  longue vue.
Le microscope, d’abord, pour régler les problèmes du quotidien qui exaspèrent les habitants. Il est indispensable d’y rétablir   la   tranquillité publique, d’y améliorer   la   propreté, d’y optimiser le stationnement…
La longue vue, ensuite, pour préparer l’avenir et déployer dans   la   durée notre vision. Nous voulons en finir avec le logement insalubre aux Quatre-Chemins, y installer de nouveaux équipements, garantir des espaces publics de qualité, créer des zones végétalisées... C’est   la   raison pour laquelle nous consacrerons à ce quartier   la   moitié du budget d’investissement du mandat.

L’année 2022 marquera-t-elle un tournant dans la transformation des Quatre-Chemins ?
M.M. : 2022 verra l’aboutissement de nombreux projets d’ampleur. Les sheds du parc Diderot ouvriront ainsi leurs portes avec un lieu de culture et un espace dédié à la petite enfance. La crèche parentale des bains-douches sera également livrée. Le marché des Quatre-Chemins quittera, de son côté, la halle Magenta, laquelle sera démolie dans la perspective d’un beau projet d’aménagement. Quant à la halle provisoire, plus fonctionnelle et spacieuse que l’actuel bâtiment, elle accueillera les commerçants et leurs clients dès le premier trimestre.
Si tout cela est la concrétisation des efforts menés depuis plusieurs années, nous y ajoutons une impulsion nouvelle : c’est aux Quatre-Chemins que nous déployons, en premier lieu, nos politiques publiques innovantes. Je pense, par exemple, à la transformation des cours de récréation en cours jardins : les premières réalisations – et ce n’est pas un hasard ! – se feront dans les écoles Vaillant et Lolive en 2022.
L’année marquera enfin un tournant en ce qui concerne l’écoquartier.

C’est-à-dire ?
M.M. : Après dix ans d’attente et de négociations pour maîtriser le foncier, nous allons passer de la théorie aux travaux pratiques. La «  première pierre  » de l’écoquartier sera l’ouverture, en mars, du nouveau collège Jean-Lolive. Cela donne la tonalité de notre façon d’envisager son aménagement : nous ne créerons pas une «  bulle  » déconnectée du reste de la ville. L’écoquartier, c’est un bout des Quatre-Chemins ! Il doit apporter des solutions aux difficultés du quartier. Il devra surtout gommer la frontière physique que représente le réseau ferré et créer ce lien indispensable entre le nord et le sud de la ville. Au cours des six prochains mois, avec les équipes en charge du projet, nous réinterrogerons l’intention initiale. Force est de constater que nos manières de concevoir, de construire, d’aménager, de conserver ce qui peut l’être et de penser la place des espaces verts ont beaucoup évolué en raison notamment de la prise en compte de l’impact du dérèglement climatique.
À la fin du premier semestre 2022, nous serons en mesure de présenter le «  plan masse  » de l’écoquartier : un plan dessiné permettant de visualiser l’ensemble du projet… et son enracinement aux Quatre-Chemins !

Retrouvez l'intégralité des articles du dossier "En 2022, les Quatre-Chemins voient plus grand", publié dans Canal n°303, janvier/février 2022 :
> "L’écoquartier des Quatre-Chemins, entre les mains de l’agence LAQ"
> "Construction et réhabilitations de bâtiments aux Quatre-Chemins"
> "Le marché Magenta des Quatre-Chemins déménage"
> "Un Centre de commandement unifié de la SNCF aux Quatre-Chemins"