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Hommage

Jacques isabet, un militant

Jacques Isabet appartient à cette génération d’après-guerre qui a adhéré aux valeurs communistes et en a porté l’étendard au sein de la banlieue rouge.
Extrait de l'article de Guillaume Gesret, publié dans Canal n°317, juin 2023

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Jacques Isabet naît en 1939, quelques semaines avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Durant l’occupation, son père organise des réunions clandestines pour lutter contre les Nazis. À la Libération, il lui fait rejoindre l’Union des vaillants, une organisation liée au Parti communiste français (PCF) qui imite le scoutisme, tout en s’y opposant.
Le jeune homme entre ensuite à l’école de la RATP où il obtient un CAP d’ajusteur. À l’issue de sa formation, il est affecté comme mécanicien au dépôt de Flandres à Pantin où travaille également Fernand Lainat, maire de la ville de 1968 à 1977. C’est là qu’il découvre véritablement le monde ouvrier. En 1956, il adhère aux Jeunesses communistes, puis à la CGT. Alors âgé de 18 ans, il fréquente les militants et s’engage au PCF, convaincu de la nécessité de lutter contre le colonialisme. L’année suivante, comme beaucoup d’hommes de sa génération, il est appelé sous les drapeaux en pleine guerre d’Algérie. Il y passera trois années.

À l’école des «  cadres  » de Moscou

De retour en France, il devient secrétaire de la section communiste de Pantin et intègre le bureau de la fédération du PCF de Seine-Nord-Est. «  La politique et le militantisme remplissaient entièrement ma vie à cette époque  », confiera-t-il plus tard. Il s’inscrit dans la droite ligne politique du parti et devient membre permanent du PCF. En 1967, «  ce bon élément animé d’un grand esprit de responsabilité  » est désigné par ses pairs pour aller suivre, à Moscou, les cours de l’école supérieure des sciences sociales du Parti communiste de l’Union soviétique.
De retour en France, le militant retrouve le secrétariat de la fédération de Seine-Saint-Denis où il croise notamment la route de Robert Clément, futur maire de Romainville. «  Je l’ai côtoyé de 1971 à 1977. Lui s’occupait de la jeunesse et moi de la propagande, se souvient-il. Jacques était un homme d’une grande gentillesse, à l’écoute des autres mais parfois un peu grognon et même colérique.  » C’est à cette époque que Daniel Orantin, qui deviendra plus tard son directeur de cabinet, le rencontre. «  Après mai 1968, j’étais un lycéen militant syndicaliste. Comme Jacques était en charge des questions liées à la jeunesse, il venait discuter avec nous. Je me souviens d’un jeune dirigeant entièrement dévoué à la cause de la classe ouvrière.  »

En désaccord avec Georges Marchais

Moins de 10 ans plus tard, il devient maire de Pantin. Pourtant, comme le note Raymond Mourlon, militant communiste et élu de locataires, «  il continuait à faire du porte à porte. Je me souviens d’une forme de timidité chez lui. Il ne se mettait pas en avant, c’est moi qui le présentait !  » Dans les années 80, Jacques Isabet finit toutefois par prendre ses distances avec la ligne du PCF. Il quitte le Comité fédéral de Seine-Saint-Denis en 1987 en raison de désaccords politiques. Proche du courant «  refondateur  », il exprime publiquement son hostilité à l’égard de Georges Marchais. En décembre 1989, après la chute de Ceausescu en Roumanie, il inaugure une rue Timisoara* et déclare, à cette occasion, souhaiter la démission du secrétaire général du PCF.
Robert Clément se souvient de cet épisode : «  Nous étions tous ébranlés par les révélations venues de Roumanie. La distance que Jacques a prise avec le parti n’a pas rompu nos liens. J’avais beaucoup d’estime pour lui. Il est resté un militant communiste sincère jusqu’à la fin de sa vie.  »

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