Jean-Claude HELLEQUIN

Jean-Claude Hellequin a passé 15 ans au Bénin à réaliser des films et à soutenir la filière audiovisuelle locale en lui offrant une visibilité internationale. De retour à Pantin en 2018, il a fondé l’association Nord Sud Pictures afin de poursuivre son action.     
Portrait de Hana Levy, publié dans Canal n°313, janvier/février 2023.

À 45 ans passés, Jean-Claude Hellequin démissionne de son poste dans la finance pour raconter des histoires. Il est alors admis à la Fémis, la prestigieuse École nationale supérieure des métiers de l’image et du son, pour s’initier à l’écriture scénaristique. «  Je n’aurais jamais dû y être reçu, commente-t-il. Non seulement j’étais trop vieux mais, en plus, je n’avais jamais réalisé de films.  » Le premier d’entre eux – un projet d’étude – sera tourné au Bénin où il finit par poser ses valises. Avec le directeur d’une radio locale auquel il s’associe, il crée Tokpa films, une société de production audiovisuelle établie à Cotonou, la capitale du pays. Pour Canal+ Afrique, les deux hommes réalisent plus de 150 épisodes de deux mini-séries humoristiques en montant un collectif composé de jeunes auteurs et de techniciens locaux.

Une dynamique vertueuse
Jean-Claude Hellequin forme également des étudiants à l’écriture de scénarios au sein d’une école audiovisuelle, inabordable pour certains. Alors, pour les jeunes sans le sou, il improvise des cours du soir. Sa vocation était née. «  Je voulais transmettre. Mais il s’agissait aussi pour moi de donner sa chance à cette génération pleine d’imagination mais sans moyens et de créer une dynamique vertueuse en réalisant des films pour les faire travailler.  » Le dessinateur Constantin Adadja, qui collabore régulièrement avec lui, témoigne : «  Jean-Claude nous a aidés à professionnaliser ce secteur dans notre pays en lui donnant un nouvel essor. Il nous offre également une visibilité internationale.  »
Dans ses films, le réalisateur s’empare de sujets de société béninois – la polygamie, la maltraitance des enfants, l’omniprésence des guérisseurs… – pour sensibiliser la population sous une forme ludique. Il soutient également le centre Terres Rouges qui accueille des enfants des rues, un sujet auquel il a d’ailleurs consacré le documentaire Rêves d’enfants.

Soutenir les créateurs
En 2018, il décide de revenir vivre à Pantin. Mais pas question pour autant d’abandonner celles et ceux restés au Bénin ! Il crée donc Nord Sud Pictures, une association lui permettant de poursuivre son action à distance. En 2019, le confinement arrête net le tournage d’une fiction. Qu’à cela ne tienne ! Il décide d’en faire une bande dessinée, Panette, illustrée par son acolyte Constantin Adadja. Le Pantinois se lance alors tête baissée dans l’aventure du neuvième art, sous la bannière de Bénin BD, la maison d’édition qu’il fonde. «  Ce pays fourmille d’auteurs talentueux mais le lectorat local est minuscule…  », précise celui qui, via son association, a élargi son soutien à la création textile et à  l’artisanat en créant une boutique en ligne dont les profits sont reversés aux jeunes créateurs locaux.
Ayant jusqu’alors bénéficié de financements institutionnels, Jean-Claude Hellequin cherche désormais des dons privés pour promouvoir un maximum de talents. Ce passionné espère aussi donner vie aux films qui peuplent ses tiroirs avec la diaspora béninoise établie à Pantin. Comme autant de ponts entre sa ville et son pays de cœur…

Pour découvrir les réalisations de Nord Sud Pictures, rendez-vous sur la chaîne Youtube de l'association.
Pour soutenir l’association et découvrir la boutique en ligne, rendez-vous sur le site internet Helloasso.