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Seniors

Marcelle ABADIE

«  Les souvenirs ne servent qu’à pleurer. Je préfère vivre aujourd’hui et, pour demain... arrivons-y et on verra !  »

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Née en 1919, Marcelle Abadie, Pantinoise de toujours, a traversé le siècle au rythme de ses soubresauts. Lundi 16 octobre, elle fêtait ses 104 ans au Ciné 104, pour la rime et pour le symbole. Itinéraire de l’une des trois doyennes de la ville.
Portrait de Hana Levy, publié dans Canal n°322, décembre 2023.

Les cheveux blancs impeccablement peignés, un regard bleu azur et un pull assorti : Marcelle Abadie porte fièrement ses 104 ans. La centenaire naît juste à la fin de la première Guerre Mondiale à Pantin où ses parents, qui l’ont prénommée ainsi en hommage à son oncle décédé sur le front, tiennent une auto-école. D’abord élevée à Aubervilliers par sa grand-mère, «  une cultivatrice analphabète qui travaillait dur mais était tendre et aimante  », elle retourne vivre au domicile familial, avenue Édouard-Vaillant, à l’âge de 10 ans et poursuit sa scolarité à l’école Sainte-Marthe dont elle garde un souvenir heureux.
Son certificat d’études en poche, elle entre comme secrétaire à La Providence, une compagnie d’assurance établie rue de la Victoire (Paris). Elle a alors… 15 ans ! «  À l’époque, c’était normal de travailler jeune  », commente-t-elle. C’est dans cette entreprise qu’elle rencontre Pierre qu’elle épouse à la mairie de Pantin et à l’église Sainte-Marthe. Après un passage dans le XIXe arrondissement de Paris, le couple revient s’établir rue Victor-Hugo. Jean-Pierre, leur premier né, meurt deux ans après leur union. Leur fille, Françoise, vivra jusqu’à 77 ans, âge auquel elle meurt d’un cancer…

Pantin éternelle
Marcelle se souvient vaguement de voisins qui se déplaçaient à cheval, de charrettes à bras et d’une vie de labeur où tout le monde travaillait 6 jours sur 7, comme ses oncles, à La Manufacture des tabacs, ou sa sœur, aux abattoirs de La Villette.
Aujourd’hui, le temps fait son affaire et elle s’arrange avec sa mémoire. À ses yeux, la ville n’a pas changé ou si peu. Ses deux points de repère ? Le canal «  le long duquel j’ai toujours aimé marcher  » et ses commerces qui, pour elle, rendent Pantin immuable et rassurante. «  J’aime ce côté village. Ici, on est moins anonyme, on discute facilement.  »
Modèle d’autonomie, cette doyenne de la ville force le respect. Elle vit encore seule, dans un appartement sur les berges de l’Ourcq qu’elle occupe depuis 40 ans. Elle s’y déplace sans difficulté, malgré sa vue qui baisse, et écoute la radio toute la journée. «  Je ne m’ennuie jamais !  »  En semaine, les repas lui sont portés par la mairie et les équipes du maintien à domicile du Centre communal d’action sociale (CCAS) lui tiennent compagnie. Le week-end, c’est Amélie, son ex-voisine, devenue au fil des ans sa «  poulette  », sa filleule de cœur et sa seule famille, qui veille sur elle.

Carpe diem
Lorsqu’on lui demande si elle a de la nostalgie, Marcelle répond : «  C’est vieux tout ça ! J’ai l’impression que ma vie d’avant est un rêve…  » Le secret de sa longévité ? Profiter de l’instant présent et ne jamais s’encombrer du passé. «  Les souvenirs ne servent qu’à pleurer. Je préfère vivre aujourd’hui et, pour demain... arrivons-y et on verra !  », conclut-elle.