© ville de Pantin 

Culture et patrimoine

Stéphane PRINCE

«  Dans l'art du video mapping, il faut être inventif, touche-à-tout et un peu magicien. Il y a un aspect féérique à la Méliès qui m’amuse énormément.  »

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Bye-bye le son et lumière à la papa, bonjour le video mapping, sa version moderne et ultra-créative. Entre Georges Méliès et artiste bricoleur, le réalisateur Stéphane Prince est passé maître dans l’art de confectionner ces images projetées sur des bâtiments… Portrait d’un irréductible pantinois.
Portrait de Hana Levy, publié dans Canal n°305, avril 2022.

Né à Pantin, ayant grandi à l’ombre de l’école Charles-Auray où son père, instituteur, disposait d’un logement de fonction, Stéphane Prince n’a jamais quitté sa ville. Lorsque, Capes en poche, il devient professeur de physique-chimie au collège Lavoisier, la voie toute tracée de l’enseignement ne l’attire plus. Il démissionne alors de l’Éducation nationale, s’improvise journaliste pour écrire dans des revues de jeux vidéo et entre ensuite «  un peu par hasard » dans l’univers des effets spéciaux.
Professeur dans l’âme, il enseigne After Effects, un logiciel d’animation graphique, notamment au sein de la prestigieuse école de l’image des Gobelins. Puis, de fil en aiguille, il se forme au video mapping, cet «  art de créer des images animées sur mesure, adaptées au relief d’un bâtiment  », comme il l’explique.

Un art de façades
En l’espace de 14 ans, le réalisateur devient une référence en la matière. À lui les œuvres pharaoniques projetées sur les théâtres, opéras, musées, monuments historiques, mais aussi lors d’événements organisés pour la promotion de marques. En 2014, il participe, aux côtés d’équipes internationales, à la conception d’un show pour la clôture des Jeux olympiques de Sotchi. En 2019, près de 400 000 visiteurs admirent ses images sur le plus grand sol en LED au monde, à l’occasion de la Fête des vignerons qui a lieu une fois par génération à Vevey, en Suisse. L’été dernier, il imagine, avec ses comparses de Holymage, un spectacle historique de 45 minutes pour le château de Chantilly. «  À huit, il nous a fallu un mois et demi pour réaliser cette création vue en trois jours par 12 000 spectateurs.  »
«  Le travail, reprend-il, s’effectue d’abord sur ordinateur où la façade du bâtiment est à plat. On ne voit le résultat sur l’architecture réelle qu’à la toute fin !  » Car, avec le video mapping, les fenêtres d’un château, l’angle d’une arête, un bas-relief conditionnent l’image créée. «  C’est la surface de projection qui est le personnage principal de la narration. Nous nous servons du bâtiment et nous le servons!  » Au-delà de la fabrication des images, il signe aussi parfois le scénario, tourne des vidéos avec des comédiens, mêle les techniques ou hybride les effets.

Bricolage artistique
De cette discipline jeune, née au début des années 2000, Stéphane confesse adorer le côté bricolé. «  Il faut être inventif, touche-à-tout et un peu magicien. Il y a un aspect féérique à la Méliès qui m’amuse énormément.  »
À cheval entre les arts graphiques et le spectacle vivant pour son côté éphémère – les créations de Stéphane sont conçues pour un bâtiment donné et pour seulement quelques jours –, le video mapping est un art grand public parfois un peu kitch. « Mais son côté monumental produit toujours un merveilleux effet! »
En attendant la suite du spectacle de Chantilly l’été prochain et l’animation d’une fresque de l’artiste urbain C215, Stéphane explore les surfaces de sa ville pour y projeter, peut-être un jour, ses images.

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