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Musique

Zahia ZIOUANI

«  Pour moi, l’orchestre, c’est avant tout la rencontre.  »

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La Pantinoise Zahia Ziouani est l’une des rares femmes cheffes d’orchestre françaises. À la tête de l’ensemble symphonique Divertimento, elle se conçoit comme une passeuse d’émotions, d’ouverture et de fraternité. Alors qu’un film retraçant son parcours sortira dans les salles en novembre prochain, nous avons rencontré cette enfant de l’Îlot 27.
Portrait de Pascale Decressac, publié dans Canal n°304, mars 2022.

En avril 1996, Canal lui consacrait son premier portrait. Son violon alto à la main, Zahia Ziouani avait alors 17 ans et parlait de sa passion pour la musique et de son désir d’en faire son métier. Elle évoquait même, à demi-mots, son rêve de diriger un orchestre. 26 ans plus tard, elle parcourt le monde entier avec les 80 musiciens de son ensemble symphonique Divertimento qu’elle a créé alors qu’elle n’avait que 20 ans.
Son itinéraire force le respect. Le 15 novembre, la cheffe d’orchestre a d’ailleurs reçu des mains d’Emmanuel Macron la médaille d’officier de l’ordre national du mérite. Être décorée sous les ors de la République ? Un symbole fort ! «  Ce n’est pas un aboutissement, mais cela m’encourage à poursuivre mon engagement. »  Car derrière cette trajectoire hors normes, il y a beaucoup de travail et de détermination. Seules 4 % des chefs d’orchestre sont des femmes. Alors, quand on a grandi dans une cité de Seine-Saint-Denis, le rêve paraît irréalisable. Pourtant, à en croire la maestra, ce succès ne relève en rien du miracle…

Une aventure collective
Arrivée à Pantin à l’âge de deux ans, Zahia grandit rue Auger, dans la cité que l’on nomme aujourd’hui l’Îlot 27. Ses parents, venus d’Algérie dans les années 60, veulent voir leurs enfants réussir et s’épanouir. Alors, en dehors de l’école, Zahia, sa sœur jumelle et son petit frère fréquentent la bibliothèque, le cinéma, la piscine et… le conservatoire. Premier prix de guitare, elle s’oriente à 12 ans vers le violon alto afin de pouvoir rejoindre un orchestre. C’est qu’elle conçoit la musique comme une aventure collective. Son expérience de cheffe de chœur à l’école primaire lui donne le goût de la direction de groupe. Elle songe alors à lâcher l’archer pour la baguette. Un jour, alors qu’elle n’a que 14 ans, on lui propose de prendre les manettes le temps d’un concert. «  Je me suis sentie totalement à ma place  », se souvient-elle. Sa décision est prise : elle sera cheffe d’orchestre.

Ouvertures plurielles 
Grâce à l’un de ses professeurs, elle approche une figure du milieu, Sergiu Celibidache, dont elle suit l’enseignement pendant un an. «  Sortie de ma bulle pantinoise, j’ai découvert l’image que pouvait avoir la Seine-Saint-Denis.  » Au lieu de la décourager, cela la pousse encore plus à se dépasser. À Paris, Pantin et Stains où elle enseigne, elle perçoit des réalités bien différentes, mais aussi une même passion. «  Pour moi, l’orchestre, c’est avant tout la rencontre  », insiste Zahia Ziouani. Avec une cinquantaine de concerts par an dans le monde entier, Divertimento prône l’ouverture en dépit du genre, des origines ethniques ou du milieu social et la diversité parmi les musiciens, comme dans les influences mélodiques. Chacune de ses représentations est ainsi un voyage. Face aux artistes qu’elle dirige, dans une salle de banlieue comme à la Philharmonie de Paris, elle veille toujours à gommer les barrières que les milieux culturels entretiennent…

Connaître les dates des prochains concerts sur le site internet de l’ensemble symphonique Divertimento.

Écouter une interview de Zahia Ziouani sur le site internet de France Inter.